SerbieUne enquête accuse le parti au pouvoir d’acheter des votes
La formation d’Aleksandar Vucic aurait proposé à ses employés de call center de tripler leur salaire s’ils apportaient une preuve de leur vote en faveur du SNS.
- par
- Loïc Gebhard
Une enquête journalistique parue mercredi en Serbie accuse le Parti progressiste serbe (SNS) du président Aleksandar Vucic d’organiser des achats de voix via un centre d’appels, avant les élections législatives anticipées du 17 décembre.
Salaire triplé
Selon l’enquête du Centre pour le journalisme d’investigation de Serbie (CINS), le parti a proposé aux employés du centre d’appels qu’il emploie, pour encourager les gens à voter - pour ses candidats, de tripler leur salaire s’ils apportaient une preuve de leur vote. Une de leurs journalistes a envoyé sa candidature pour travailler dans ce call center. Le lendemain, on l’ajoutait à un groupe WhatsApp appelé «M&J Lady Hostess» – le nom d’une agence d’hôtesses implantée dans plusieurs grandes villes de Serbie, selon leur site internet.
«Garantie de loyauté»
Lorsqu’elle est venue récupérer le salaire de sa première journée de travail – 3000 dinars serbes (environ 24 francs), on lui a demandé si elle pouvait venir travailler le 17 décembre. La journaliste a répondu oui. «D’accord, donc le salaire journalier (pour le 17 décembre) est de neuf mille» dinars, lui a-t-on dit, mais «tu dois voter avant de venir travailler et tu dois m’envoyer la photo [...] c’est juste une garantie [...] de ta loyauté», peut-on entendre dans la conversation, qu’elle dit avoir enregistrée.
120 sièges sur 250
Contacté par l’AFP, le parti n’avait pas répondu en milieu d’après-midi. Les dernières élections présidentielle, législatives et municipales ont eu lieu en avril 2022. Le SNS d’Aleksandar Vucic avait alors remporté, avec ses partenaires de coalition, le plus grand nombre de sièges au Parlement, 120 sur 250, et Aleksandar Vucic a été élu une seconde fois président du pays. Deux ans auparavant, en 2020, des élections législatives et municipales avaient été boycottées par la plupart des partis d’opposition.