Football: Débat: entre Sion et Thoune, qui va monter directement?

Pour Sion, il n’y a pas à tortiller: s’il entend retrouver dès ce printemps la Super League qu’il a quittée un soir de (double) débâcle contre le SLO en juin dernier, il doit obligatoirement viser la première place, et aucune autre - se retrouver «condamné» à devoir passer par les barrages serait bien trop aléatoire. 

A condition de parvenir à exploiter son potentiel, le club valaisan a largement les moyens de ses ambitions. Néanmoins, il lui faudra pour cela afficher davantage de constance. Depuis le coup d’envoi de la saison, l’équipe de Didier Tholot domine certes le championnat mais sans jamais survoler l’opposition comme en témoignent les trous d’air qu’elle a déjà connus. On pense notamment à ces points stupidement égarés à domicile, contre Baden ou Nyon par exemple.

A Tourbillon, on sait que bien des choses ont changé depuis l’épisode - non, plutôt la farce - Balotelli. Le premier mérite en revient à Tholot, qui a su défininir un cadre de travail précis et édicter des règles dont personne ne s’éloigne désormais. On y verra le signe d’un nouvel état d’esprit. Moins de bling-bling et plus de travail au quotidien, voilà donc le nouvel environnement valaisan. Mais parce que rien n’est jamais définitif, tout demeure fragile. 

Plus que le FC Thoune, Sion devra surtout se méfier de lui-même. On se souvient que son mercato hivernal s’était souvent avéré désastreux ces dernières années. Afin de ne pas perturber l’équilibre du groupe, Christian et Bartélémy Constantin n’ont pas le droit de se tromper sur l’identité du buteur toujours recherché.

Parce qu’il a appris de ses erreurs et que Thoune, dans le même temps, devrait perdre sous peu Daniel Dos Santos, récemment honoré du prix de meilleur joueur de Challenge League en 2023, Sion saura s’ouvrir un autoroute vers l’élite. Tout autre scénario équivaudrait à un échec.

En préambule, je tiens à préciser que ce n’est évidemment pas ce que je souhaite au FC Sion et à ses supporters. Le football romand a besoin du club valaisan dans l’élite (et ce dernier pourrait tout à fait assurer sa montée lors d’un barrage).

Cela dit, je pense néanmoins que Thoune va terminer la saison en tête de la Challenge League. Pour trois raisons.

La première concerne une autre équipe bernoise: YB. Le champion de Suisse est attendu le 29 février à Tourbillon pour un quart de finale de Coupe qui aura une importance démultipliée à Sion. On ne va pas se mentir, c’est LE match de ce début d’année pour les joueurs de Didier Tholot. Au risque d’égarer des points lors des cinq premières rencontres de championnat prévues d’ici là. Une «déconcentration» qui pourrait encore se renforcer si le club de CC se retrouvait dans le dernier carré.

On arrive à mon deuxième argument: tout va un peu trop bien au FC Sion depuis le coup d’envoi de la saison. La «jurisprudence» valaisanne regorge d’exemples de crises plus improbables les unes que les autres. Une baisse des résultats, un clash avec un joueur ou un entraîneur soudain remis en question, autant de scénarios qui suffiraient à très vite crisper les Valaisans.

Enfin, mon dernier point concerne le FC Thoune lui-même. Mauro Lustrinelli n’a pas renoncé à un Euro avec l’équipe de Suisse M21 pour croupir en Challenge League. Après une première saison frustrante, son équipe est enfin mûre. Victorieux à Tourbillon en septembre (3-2), les Bernois «mènent» 4 points à 1 à dans les confrontations directes avec Sion cette saison. Les jeunes talents thounois (Dos Santos, Roth, Dähler, Matoshi, etc.) crèvent l’écran, entourés de routiniers pas pourvus de deux pieds gauches.

Parmi eux, Koro Koné. L’attaquant ivoirien, trop rarement considéré à sa juste valeur, a déjà fêté deux promotions avec Servette (2019) et Yverdon (2023). Jamais deux sans trois pour celui qui a déjà inscrit six buts cette saison.