SomalieL’attaque islamiste contre un hôtel a fait au moins neuf morts
Plusieurs personnes ont perdu la vie dans un attentat survenu dimanche dans un établissement de la ville somalienne de Kismayo.
Dimanche, au moins neuf personnes ont été tuées et 47 autres blessées dans une attaque menée durant plus de six heures par des islamistes radicaux shebab dans un hôtel de la ville de Kismayo, dans le sud de la Somalie. Cette grande ville portuaire est la dernière frappée par le regain des actions violentes des shebab ces derniers mois, qui a notamment ensanglanté la capitale, Mogadiscio, et le centre du pays.
«Neuf personnes ont été tuées et 47 autres blessées dans l’attaque, parmi lesquelles des élèves qui quittaient une école voisine au moment de l’attaque», a déclaré à la presse Yusuf Hussein Osman, ministre de la Sécurité de l’Etat du Jubaland, à l’issue de l’assaut.
L’attaque a été menée par quatre hommes: un premier qui a mené une attaque suicide, suivie de l’intrusion de trois hommes armés dans l’hôtel. Selon Yusuf Hussein Osman, l’attaque a débuté par un kamikaze «qui s’est fait exploser».
«Le bâtiment est sécurisé maintenant»
L’attaque, lancée vers 12 h 45 heure locale (11 h 45 heure suisse), s’est achevée vers 19 heures, après que les trois assaillants ont été abattus par les forces de sécurité de l’État du Jubaland. «La situation est revenue à la normale, les trois assaillants sont morts maintenant. (…) Nous menons des recherches sur le nombre total de victimes», a déclaré à l’AFP Mohamed Hassan, un officier de police local. En fin d’après-midi, un bilan provisoire faisait état de quatre civils tués.
«Le bâtiment est sécurisé maintenant, il n’y a pas de coups de feu. Le mouvement revient progressivement dans la zone, mais il y a toujours des membres des forces de sécurité qui limitent la circulation», a affirmé Abdirashid Adan, un habitant du quartier.
Voiture piégée
L’attaque a débuté peu après la mi-journée avec une voiture piégée. «Un kamikaze a conduit un véhicule à l’entrée de l’hôtel avant que des hommes armés n’entrent dans le bâtiment. Des tirs ont commencé à l’intérieur», a raconté Farhan Hassan, un autre témoin.
Les shebab ont revendiqué l’attaque, affirmant viser un hôtel où étaient réunis des membres de l’administration de l’État du Jubaland. Ils avaient mené, en juillet 2019, une attaque similaire contre les autorités locales dans un hôtel de la ville, faisant au moins 26 morts et 56 blessés.
Un bastion des shebab
Le groupe islamiste, lié à Al-Qaïda, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Il a été chassé des principales villes – dont la capitale, Mogadiscio, en 2011 – mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays.
Capitale du Jubaland, située à 500 kilomètres au sud de Mogadiscio, Kismayo était un bastion des shebab, qui tiraient de solides revenus de son activité portuaire avant que la ville ne soit reprise, en 2012, par des milices locales épaulées par les forces kényanes.
«Guerre totale»
Ces derniers mois, les shebab ont redoublé d’activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique, avec notamment un spectaculaire assaut, long d’une trentaine d’heures, fin août, sur un hôtel de la capitale, Mogadiscio.
Après cette attaque, qui a fait au moins 21 morts et 117 blessés, le président Hassan Cheikh Mohamoud a promis une «guerre totale» pour éliminer les shebab et appelé la population à se «tenir à l’écart» des zones contrôlées par les islamistes qui allaient être visées par de prochaines offensives. Les forces de sécurité et des milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui ont permis, selon les autorités, de reprendre du terrain aux combattants islamistes.
Frappes aériennes
L’armée américaine mène également des frappes aériennes. L’une d’elles a tué, début octobre, Abdullahi Yare, un des plus hauts dirigeants et cofondateur du mouvement, dans le sud du pays. Quelques heures après l’annonce de sa mort par le gouvernement somalien, un triple attentat à la bombe contre un bâtiment gouvernemental dans la ville de Beledweyne (centre) avait tué au moins 30 personnes et blessé 58 autres.
Outre l’insurrection shebab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, provoquée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de quarante ans. À travers le pays, 7,8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sont affectées par la sécheresse, dont 213’000 sont en grand danger de famine, selon l’ONU. Sans une mobilisation urgente, l’état de famine pourrait être déclaré avant la fin de l’année.