Formule 1Ferrari face aux vents contraires
Les deux monoplaces de la Scuderia ont terminé aux neuvième et la dixième places hier. Un désastre. Chez Ferrari, pourtant, on affirme que le pire est passé.
- par
- Luc Domenjoz Silverstone
Voiture inconstante
La Scuderia Ferrari a encore vécu un week-end difficile à Silverstone: alors que les deux monoplaces rouges étaient qualifiées en deuxième et troisième lignes de la grille de départ, elles terminent tout juste dans les points.
Après la course, Frédéric Vasseur, le patron, admettait qu’il restait encore beaucoup à faire pour améliorer le comportement des SF-23. «En début de saison, notre point faible, c’était la dégradation des pneus, expliquait-il. Je crois que nous avons réussi à résoudre ce problème. Maintenant, nous en avons d’autres, et le vent extrême qui soufflait aujourd’hui ne nous a pas aidés.»
Les deux pilotes se sont en effet surtout plaints des conditions météo: «La voiture est très instable avec le vent, racontait Carlos Sainz. On pouvait rouler avec des différences de trois ou quatre dixièmes au tour en fonction du vent, c’était très difficile dans ces conditions. On avait surtout du mal à donner de la puissance quand on avait le vent dans le dos… Cette situation n’est pas terrible, parce que nos performances dépendent surtout du vent, du type de circuit et de la température de la piste, ce qui nous affaiblit certains week-ends.»
Charles Leclerc ajoutait que le châssis s’était amélioré depuis le début de la saison, mais que les virages à haute vitesse restaient un point faible pour Ferrari. «Avant d’arriver ici, nous savions que ce serait l’un des pires circuits pour nous. Nous savons aussi pourquoi la voiture ne fonctionne pas bien ici, elle n’aime pas tellement les virages rapides, et il est très clair que nous devons la développer pour améliorer ce point… »
Panne de cinéma
Sur la grille de départ, les deux monoplaces de la fausse écurie APEX étaient placées derrière celle de Valtteri Bottas - dernier, en raison d’un problème technique qui a empêché l’écurie Sauber de fournir un litre d’essence aux commissaires techniques du Grand Prix d’Angleterre pour qu’ils en vérifient la conformité.
En théorie, les deux pilotes de la fausse équipe APEX étaient censés partir derrière le peloton, passer les premiers virages, puis s’effacer par une porte dérobée pour laisser la piste libre pour les vraies F1.
Sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu, puisqu’une de deux monoplaces n’a pas réussi à démarrer et a dû être poussée en catastrophe dans la voie des stands.
L’équipe du film voulait qu’aucune photo de la monoplace de Sonny Hayes (interprété par Brad Pitt) n’apparaisse sur le web, mais cette panne a permis de la photographier juste au-dessous de la salle de presse, quelques secondes avant le départ de la course.
Il s’agit d’un châssis de Formule 2 «habillé» d’une carrosserie de F1 réalisée par l’écurie Mercedes dans son usine de Brackley, à douze kilomètres à peine du circuit de Silverstone.
La plupart des sponsors figurant sur la fausse F1 sont ceux de l’écurie Mercedes. Il doit s’agir d’une coïncidence, même si Lewis Hamilton compte parmi les producteurs du film…
Russell mécontent
George Russell était qualifié devant Lewis Hamilton, mais il termine le Grand Prix d’Angleterre loin derrière le septuple champion du monde. «Nous avions le luxe de pouvoir tenter deux stratégies différentes aujourd’hui, expliquait le jeune Britannique après la course. Sur ma voiture, on a tenté de prendre le départ avec les pneus tendres. Ça devait me permettre de doubler Charles Leclerc, mais en réalité il m’a fallu beaucoup de temps pour y arriver. Le comportement de Charles a parfois été… un peu limite.» George Russell s’en est plaint à la radio. Selon lui, le Monégasque zigzaguait plus qu’il n’en avait le droit pour l’empêcher de passer, mais les commissaires n’ont infligé aucune sanction au pilote Ferrari.
Puis, pas de chance pour George Russell: la neutralisation de la course derrière la voiture de sécurité est arrivée au pire moment pour lui, puisqu’il venait tout juste de changer ses pneus. «C’était un timing malheureux, je me suis retrouvé loin derrière Lewis (Hamilton). Mais je crois que de toute façon, le podium était hors de portée pour moi.»
Lando Norris s’est plaint de ses pneus
Derrière l’intouchable Max Verstappen, Lando Norris termine brillant deuxième après avoir dû résister toute la fin de course à Lewis Hamilton, juste derrière lui.
Le pilote Mercedes bénéficiait de pneus tendres, qu’on lui a chaussés au moment de son arrêt, tandis que Lando Norris, sur sa McLaren, roulait sur des pneus durs. Ce qui n’a pas plu au jeune pilote. «Nous n’avons pas eu de chance, analysait Andrea Stella, le directeur de l’écurie, après la course. Quand la voiture de Kevin Magnussen est tombée en panne, la course a été neutralisée par la voiture de sécurité virtuelle. Du coup, on s’est dit que nous allions suivre notre plan initial et chausser des pneus durs à Lando pour aller jusqu’au bout. Sauf qu’à la seconde où il est entré dans la voie des stands, la voiture de sécurité virtuelle a été remplacée par une vraie voiture de sécurité. Ça changeait tout, parce qu’il est très difficile de chauffer des gommes dures derrière une Safety Car. Et en plus, avec un écart tombé à zéro, Lando avait une chance d’attaquer Max Verstappen s’il avait des gommes tendres. Mais il était trop tard pour en changer, les mécaniciens étaient prêts avec les pneus durs. Si on avait voulu les changer, les mécanos auraient dû se précipiter dans le garage, enlever les couvertures chauffantes des gommes tendres et vite revenir dans la voie des stands. On risquait sérieusement de perdre des places. Mais Lando s’est bien battu et a finalement pu conserver sa deuxième place malgré les attaques de Lewis Hamilton.»