ComportementLes camps de vacances sensibilisent les enfants aux autres
Les participants à des colonies ont davantage tendance à être prêts à aider quelqu’un que ceux qui n’y ont pas été durant leurs vacances, selon une étude de l’UNIGE.
- par
- Comm/M.P.
Ah, les jolies colonies de vacances, comme le chantait Pierre Perret. Tous les ans, on voudrait que ça recommence, même si c’est parfois pour faire des bêtises. Mais voilà qu’en plus, elles sont un excellent apprentissage de la vie avec les autres. On pouvait s’en douter, mais une étude scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) le démontre.
Car savoir reconnaître et gérer ses émotions, mais aussi celles des autres, et adapter son comportement en conséquence sont des compétences qui jouent un rôle primordial dans notre vie quotidienne. Elles nous permettent de prendre des décisions favorables à notre bien-être, comme à celui des autres et de nouer des relations de qualité avec eux. Favoriser leur développement chez l’enfant, dès le plus jeune âge, est par conséquent essentiel.
Prévenir les comportements antisociaux
Ces compétences peuvent être acquises et entraînées de manière directe ou indirecte. Elles peuvent également s’acquérir dans divers contextes comme l’école, la famille ou les loisirs. En stimulant les comportements altruistes, elles constituent une cible de choix pour la prévention des comportements antisociaux. Une équipe de l’UNIGE s’est intéressée au développement de ces compétences dans un contexte spécifique: les camps de vacances.
«Ces camps avec nuitées sont des espaces de sociabilisation et d’expérimentation, hors de la famille, qui se déroulent sur la durée et intègrent toute la vie quotidienne. Ils impliquent des interactions permanentes avec des adultes et d’autres enfants, riches en apprentissages informels. Nous avons voulu montrer qu’un tel contexte est favorable au développement des compétences socioémotionnelles», explique Edouard Gentaz, professeur ordinaire à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et au Centre suisse des sciences affectives.
256 enfants de 6 à 16 ans interrogés
L’équipe de l’UNIGE a cherché plus précisément à savoir dans quelle mesure la participation à ces camps pouvait augmenter le niveau d’altruisme et d’estime de soi des enfants. Les scientifiques souhaitaient également identifier les éléments pouvant rendre cette participation plus ou moins bénéfique, comme le fait de s’y rendre avec des amis ou des amies. Pour le savoir, ils se sont appuyés sur un échantillon de 256 enfants de 6 à 16 ans, participant ou non à un camp. Il leur a été demandé de répondre à un questionnaire.
«Parmi les questions posées, on trouvait par exemple «dans quelle mesure aiderais-tu un inconnu à trouver son chemin?» ou «dans quelle mesure aiderais-tu un camarade à faire ses devoirs?». Les possibilités de réponse allaient de «jamais» à «très souvent» sur une échelle en cinq points», détaille Yves Gerber, assistant doctorant à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et premier auteur de l’étude parue dans «PLOS ONE».
Les enfants ont dû répondre à ces questions à deux reprises: au début de la période de camp et à la fin de celle-ci. «Les réponses des 145 enfants partis en camps ont été comparées à celles des 111 enfants du groupe «contrôle» qui n’ont pas participé à ce type d’activité. Celles-ci ont révélé une augmentation du niveau d’altruisme chez les premiers et une diminution chez les seconds», indique Jennifer Malsert, chargée de cours et collaboratrice scientifique à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, chargée d’enseignement à la HEP Vaud, et coauteure de l’étude.
L’estime de soi ne change pas
Ces réponses semblent également démontrer que le fait d’avoir déjà vécu une expérience de camp positive par le passé, ou de participer à ce type d’activité avec des amis et amies, favorise le développement de l’altruisme dans ce contexte. «Quant au niveau d’estime de soi, nous observons qu’il est resté stable dans les deux groupes d’enfants. Il est possible que cet élément soit plus stable que l’altruisme et que ses modulations soient par conséquent moins apparentes. L’échelle de réponse que nous avons utilisée n’est peut-être pas assez spécifique pour évaluer cette donnée», explique Yves Gerber.
Les résultats de cette étude exploratoire démontrent l’utilité des camps de vacances en tant qu’outil de développement de compétences socioémotionnelles. Ils indiquent que le contexte de ces camps, même sur des séjours de 10 à 15 jours, a une influence et augmente les intentions altruistes. «La prochaine étape consistera à étudier la durée des bénéfices obtenus. Il s’agira aussi d’évaluer s’il existe une corrélation entre la durée du séjour et le niveau de ces bénéfices», conclut Edouard Gentaz.