ArgoviePrès de 50 locataires virés pour installer un centre de requérants
La commune de Windisch doit accueillir un centre pour demandeurs d’asile. Elle dit n’avoir été informée que tout récemment par le canton. Quarante-neuf locataires doivent déménager.
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L’un des bâtiments dont les locataires actuels sont menacés de devoir partir.
20min/euUn nouveau dossier agite la Suisse alémanique après celui qui a émergé dans la commune de Seebächer (ZH), où un homme a vu son bail être résilié par la commune pour qu’elle puisse héberger des réfugiés. Cette fois, c’est à Windisch (AG) que ça se passe et ce n’est pas un, mais 49 locataires qui risquent de devoir plier bagage.
La commune a publié lundi un communiqué pour faire état de la chronologie des faits. Elle a été informée le 17 février par le Canton d’Argovie que celui-ci prévoyait d’ouvrir un centre d’hébergement pour requérants d’asile dans trois immeubles situés dans la commune. Là, les élus communaux ont attiré l’attention du Canton sur le fait que les immeubles, appartenant à un privé, étaient occupés et qu’ils n’accepteraient pas que des locataires soient mis à la rue.
Selon la télévision SRF, c’est une société basée dans le canton de Schwytz qui a proposé au canton d’Argovie ces logements. Le patron de cette entreprise n’a pas voulu s’exprimer.
Repousser le problème
Et le Canton a visiblement trouvé un accord avec le propriétaire. Car le 24 février, les premières lettres de congé sont tombées. Des personnes éberluées sont venues dire leur désarroi à la commune. En chassant des personnes socialement défavorisées de leur logement pour y loger des requérants, le problème est simplement déplacé, commente-t-on dans la commune.
Au lieu du Canton, c’est maintenant à elle de soutenir des citoyens dans la recherche de nouveaux appartements. Mais avant cela, la commune assure qu’elle s’engagera «par tous les moyens possibles» pour que les locataires puissent rester.
La commune attend du Canton qu’il renonce. Le département argovien de la santé et des affaires sociales, compétent en la matière, n’a pas pris position. Un porte-parole se contente d’indiquer à la SRF «que l’on souhaite discuter avec la commune de Windisch».
Les personnes touchées sous le choc
Interrogé par «20 Minuten» Björn Waltert, 32 ans, est l’une des personnes concernées. Il habite là depuis un an et demi. «On m’enlève ma maison. Je suis triste et je me sens traité injustement». Il vivait auparavant dans la rue et était heureux d’avoir trouvé un logement. «Il sera désormais très difficile pour moi de trouver quelque chose de nouveau. Je vis de l’aide sociale et j’ai un chien».
Une famille avec trois enfants est également touchée. «Nous vivons ici depuis huit ans. Nous nous sentons très bien et avons un excellent contact avec les autres résidents», raconte la mère de famille. C’est d’autant plus dur de devoir déménager. «Lorsque nous avons reçu la résiliation, les enfants se sont mis à pleurer. Ils ont peur de perdre leurs camarades».
État d’urgence
Le Conseil d’État argovien, en déclarant l’état d’urgence dans le domaine de l’asile, avait fait savoir que l’utilisation d’abris PC serait prioritaire, mais qu’en cas d’extrême urgence, communes et propriétaires privés pourraient être contraints, par décision de réquisition, de mettre à disposition leurs biens immobiliers. L’«Aargauer Zeitung» a indiqué lundi que la section argovienne des jeunes UDC lançait une pétition en soutien aux personnes virées de leur logement. Selon eux, «personne ne doit être mis à la rue pour que des requérants d’asile puissent s’y installer».