Guerre en Ukraine: Oligarques russes, le Parlement invité à «jouer la bonne carte»

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Guerre en UkraineOligarques russes: le Parlement invité à «jouer la bonne carte»

L’ONG Public Eye a enquêté sur la manière dont la Suisse entretient des liens avec 32 milliardaires proches de Poutine et du Kremlin. Elle souhaite que Berne en fasse plus pour bloquer leurs avoirs.

Ce qu’ont reçu les parlementaires lundi.

Ce qu’ont reçu les parlementaires lundi.

Public Eye

Les avoirs russes s’invitent au Parlement ce lundi. Alors qu’un grand défilé militaire doit avoir lieu à Moscou et que le National doit débattre de la hausse des dépenses de l’armée à l’occasion d’une session spéciale, Public Eye a livré aux parlementaires une grande enquête sur les oligarques russes et leur fortune en Suisse sous la forme d’un jeu de cartes.

En effet, l’ONG a passé au crible 32 milliardaires proches de Poutine et du Kremlin. Selon ses calculs, leurs fortunes cumulées atteindraient la somme colossale de 293 milliards de francs. C’est près de 100 milliards de plus que les 150 à 200 milliards de francs estimés jusqu’ici par les banques suisses, explique-t-elle. Du coup, les parlementaires ont reçu ce lundi le résultat de cette enquête. Ils sont désormais priés de jouer «la bonne carte» face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’ONG souhaite que Berne s’engage pour une extension rapide des sanctions à l’importation et au commerce de pétrole et de gaz russes.

Les oligarques savent utiliser les avantages de la Suisse

Selon Public Eye, la Suisse est depuis les années 1990 l’une des bases arrière favorites de richissimes hommes d’affaires russes. L’ONG montre comment les «avantages» de la place économique helvétique sont systématiquement utilisés par les oligarques. Cela passe par une industrie offshore de pointe pour créer des sociétés-écrans; un secteur du négoce de matières premières très lucratif et qui échappe à la régulation; des lacunes dans la lutte contre le blanchiment d’argent et l’opacité financière qui permettent aux avocats de mettre en place des structures pour dissimuler des fonds, en échappant à tout devoir de diligence, précise-t-elle.

La plupart de ces oligarques ont des participations dans des sociétés (avec siège social ou antenne commerciale) en Suisse, entretiennent des relations de longue date avec la place financière helvétique ou possèdent de luxueuses propriétés dans notre pays, souligne Public Eye.

Taskforce réclamée

Public Eye réclame aussi que la Confédération et les cantons créent une taskforce afin d’identifier les valeurs patrimoniales des oligarques sanctionnés et collaborer avec des partenaires internationaux. Enfin, l’obligation d’informer, prévue par la loi sur les embargos, doit également s’appliquer aux avocats-conseils et être renforcée en conséquence, souhaite-t-elle.

Pour rappel, des économistes de renom ont déjà proposé au G20 en avril dernier de recenser les richesses des oligarques pour pointer les fortunes cachées et mieux cibler les sanctions. 

Sur la liste des sanctions internationales

La plupart des 32 oligarques étudiés par le site oligarques.ch figurent sur les listes des sanctions internationales ainsi que dans le classement Forbes des 40 plus grosses fortunes de Russie. Certains d’entre eux sont mondialement connus (comme le magnat de l’aluminium Oleg Deripaska ou l’ancien propriétaire de Chelsea Roman Abramovitch). Le chef de l’Église orthodoxe russe Cyrille de Moscou, plus connu sous le titre de «patriarche de Poutine» depuis le début de la guerre, fait également partie de ce club exclusif, précise Public Eye.

(cht)

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