Crash d’un avion russe: Kiev et Moscou continuent de se rejeter la responsabilité

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Crash d’un avion russeKiev et Moscou continuent de se rejeter la responsabilité

La Russie et l’Ukraine ont campé sur leurs versions, jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU, au sujet du crash d’un avion militaire russe près de la frontière ukrainienne.

Image d’archive du Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

Image d’archive du Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

Getty Images via AFP

Kiev et Moscou continuent de se rejeter mutuellement la responsabilité du crash d’un avion militaire russe près de la frontière ukrainienne dont le mystère demeure entier.

 La Russie et l’Ukraine ont maintenu leurs versions, s’échangeant vertement des accusations, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, organisée jeudi au lendemain du crash de l’appareil, qui transportait, selon les autorités russes, 65 prisonniers ukrainiens en vue d’un échange.

«Toutes les informations que nous avons aujourd’hui montrent que nous avons affaire à un crime prémédité et bien pensé», a déclaré l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU Dmitry Polyanskiy, dont le pays avait demandé cette réunion d’urgence.

Le diplomate russe a accusé les Ukrainiens d’avoir voulu «saboter la procédure» d’échange de prisonniers «de la façon la plus barbare» et d’avoir accepté de «sacrifier leurs propres citoyens pour les intérêts géopolitiques des Occidentaux».

Vidéo

L’ambassadrice ukrainienne adjointe Khrystyna Hayovyshyn a réfuté ses accusations, affirmant que si la présence de prisonniers à bord était confirmée, la Russie devrait rendre compte d’une «nouvelle violation du droit humanitaire international». Cela serait «le premier cas d’utilisation dans les airs de boucliers humains pour couvrir le transport de missiles, a-t-elle dénoncé.

Jeudi soir, le Comité d’enquête russe, chargé de l’enquête ouverte par Moscou pour «terrorisme», a diffusé une vidéo de près de 40 secondes montrant des plans d’une zone boisée et d’un champ enneigé. Plusieurs arbres couchés et un gros morceau de tôle froissée sont visibles, mais aucun signe de l’énorme carcasse de l’avion militaire Il-76 dont la longueur atteint presque 50 mètres.

Au sol, sur la neige, des débris sont difficilement identifiables. Des restes humains d’un ou deux corps, floutés, ainsi que quelques traces de sang sont visibles. L’AFP n’était dans l’immédiat pas en mesure d’identifier le lieu ou de vérifier la date du tournage de ces images. 

Aucune preuve

Mercredi, un avion de transport Il-76 s’est écrasé près du village russe de Iablonovo, à 45 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine dans la région de Belgorod, tuant ses 74 occupants, selon les autorités russes. Selon elles, 65 prisonniers ukrainiens qui allaient être échangés s’y trouvaient, avec un équipage de six personnes et trois militaires russes.

Les enquêteurs russes ont répété la version avancée par Moscou, selon laquelle «l’avion a été attaqué par un missile antiaérien depuis le territoire ukrainien». Cependant, la Russie n’a apporté aucune preuve sur l’identité des passagers.

Le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, avait appelé l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à aller «inspecter les lieux» du crash. Le CICR, se refusant à toute «spéculation», a affirmé «ne pas savoir ce qu’il s’est passé».

Kiev n’a pas confirmé avoir abattu l’avion, mais a souligné sa volonté de continuer à viser des cibles militaires en territoire russe. Et le renseignement militaire ukrainien (GUR) a insisté sur le manque «d’informations fiables et complètes» concernant les passagers de l’avion. Le président Volodymyr Zelensky a demandé une enquête internationale.

Investigation difficile

Le commissaire ukrainien aux droits humains a relevé que la Russie était dans tous les cas «responsable de la sécurité» des détenus, selon la Convention de Genève. Kiev reconnaît qu’un échange de prisonniers était prévu, mais assure n’avoir «pas été informé» de la nécessité de sécuriser l’espace aérien dans la zone du crash.

Jeudi, les services spéciaux du pays (SBU) ont annoncé ouvrir une enquête sur le crash, mais toute investigation semble difficile, l’appareil se trouvant en territoire russe. Les enquêteurs russes ont récupéré deux boîtes noires, a rapporté l’agence d’État Ria Novosti, citant une source au sein des services d’urgence.

Signe de l’incertitude et des nombreuses interrogations, les réactions internationales ont été plutôt rares. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a dit ne pas être «en mesure de dire si les assertions russes sont vraies ou pas». «La Russie nous a habitués à mentir sur ces sujets», a-t-il ajouté.

La région de Belgorod, où a eu lieu le crash, est régulièrement visée par des frappes ukrainiennes en représailles aux nombreuses attaques russes.

Kiev a déjà revendiqué la destruction d’appareils russes qui jusqu’à récemment semblaient hors de portée des armements ukrainiens. La semaine dernière, le pays a dit avoir abattu deux avions russes, ce que Moscou n’a ni confirmé, ni infirmé.

La Russie a été mêlée à plusieurs catastrophes aériennes dont les circonstances sont encore floues et dont elle a toujours réfuté la responsabilité. Le cas le plus célèbre est celui du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine en 2014. Si tous les éléments pointent la responsabilité de combattants à la solde de Moscou, la Russie a multiplié les versions pour accuser l’Ukraine du drame qui avait fait 298 morts.   

Un cas plus récent est celui de l’avion transportant le chef du groupe armé Wagner, Evguéni Prigojine, qui s’est écrasé en août 2023 lors d’un vol reliant Moscou et Saint-Pétersbourg, quelques semaines après une mutinerie avortée.

(AFP)

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