Formule 1Sebastian Vettel: «Ça faisait longtemps que j’y pensais»
À Budapest, Sebastien Vettel est revenu sur les raisons de sa retraite. Où il est question de famille et d’écologie.
- par
- Luc Domenjoz
Incompatibilité
La forme était aussi surprenante que le fond. Farouche réfractaire aux réseaux sociaux de toutes formes, c’est pourtant par une vidéo Instagram – sur un compte créé pour l’occasion - que Sebastian Vettel a annoncé sa
décision d’arrêter la compétition à la fin de la saison. Une vidéo en noir et blanc, où on le voit s’asseoir, puis réciter un monologue qui ne montre que son visage en gros plan. Il y passe en revue ses raisons: la famille, voir ses enfants grandir, apprendre d’eux, et se consacrer à la planète.
Il y relève aussi que continuer en F1 supposait trop de contradictions avec ses objectifs écologiques. Il est en effet difficile de critiquer les schistes bitumineux d’Alberta quand on est soi-même payé par une écurie soutenue par Aramco, la compagnie pétrolière d’Arabie saoudite qui est aussi la société la plus pollueuse au monde, tous domaines confondus.
Pain frais et chocolat
Dans cette vidéo, on apprend aussi que Sebastian Vettel aime le chocolat, la couleur bleue et l’odeur du pain chaud. Rien que de très banal, en somme. Car toute l’opération consiste justement à faire du pilote allemand quelqu’un de normal - ce qui n’est pas si facile quand ses revenus, cette année, se montent à un peu plus de 40 millions de francs suisses!
Jeudi, à Budapest, le quadruple champion du monde a reçu quelques journalistes pour mieux expliquer les raisons de sa décision. «Ça me trottait dans la tête depuis longtemps… Depuis quelques années, en réalité. Je n’ai plus autant de plaisir et de motivation qu’avant à faire partie de ce milieu, un milieu qui demande énormément de temps. Je ne veux plus dire «au revoir» sans cesse à mes enfants. Mais prendre cette décision m’a demandé beaucoup d’énergie, pour être franc, ça m’a peut-être un peu distrait ces dernières courses. Alors je suis soulagé, maintenant. Je n’aurai aucune difficulté pour me concentrer ces derniers dix Grands Prix, ce serait même plutôt le contraire. Ce n’est pas une décision «100% - 0%», ce n’est pas que je déteste la course tout d’un coup. J’aime encore ça…»
Un baquet disponible
Pour le remplacer, Aston Martin n’a pas énormément d’options en vue: Daniel Ricciardo, qu’on annonce partant de McLaren, Nico Hulkenberg, son très expérimenté pilote de réserve, Fernando Alonso, qui n’a pas encore renouvelé son contrat avec Alpine, ou encore Nick de Vries, qui roule en Formule E (la formule électrique) sous contrat avec Mercedes. Ou sinon un pilote de Formule 2? L’écurie a encore plusieurs semaines pour prendre sa décision.
Les mots des autres pilotes
Après l’annonce surprise de la décision de Sebastian Vettel, bon nombre d’autres pilotes ont postés des commentaires élogieux à son sujet sur leurs propres comptes Twitter. «C’était un honneur de courir contre toi, mais ça l’était encore plus de te compter parmi mes amis. Je t’aime, mon gars », lui a écrit Lewis Hamilton.
Charles Leclerc, de son côté, parle d’une sacrée personne et d’un sacré pilote. «Tu es l’une des raisons pour lesquelles je suis tombé amoureux de ce sport, et tu as toujours été une référence pour moi, sur la piste et en-
dehors», ajoute Carlos Sainz. «Tu as été et tu es encore une personne très importante pour moi. Tu m'inspires», ajoute Mick Schumacher, pour lequel Sebastian Vettel a été le mentor.
Les pilotes sont unanimes à souhaiter qu’il reste au moins à la tête du GPDA, le Grand Prix Drivers Association, l’association des pilotes de Grand Prix. Sebastian Vettel ne disparaîtra probablement pas totalement des
paddocks.