Hockey sur glaceDécalé: on s’est glissé dans le vestiaire du LHC
Voici comment Geoff Ward a donné du courage aux Lions avant la victoire historique qui a envoyé le Lausanne HC en finale des play-off. Derrière chaque triomphe se cache un grand discours. A prendre avec des pincettes...
- par
- Cyrill Pasche
Avertissement: l’auteur de ces lignes n’était pas «physiquement» dans le vestiaire du LHC – il s’agit donc d’une interprétation libre saupoudrée d’un bon fond de vérité(s).
Mercredi 10 avril 2024, journée historique pour le Lausanne HC. Il est 19h45 et des poussières à Fribourg, dans le vestiaire des Lions.
Les irrésistibles Vaudois ne sont plus qu’à une victoire d’une qualification historique pour la finale des play-off de National League. C’est bien connu, derrière chaque triomphe sportif se cache un grand discours:
(C’est ainsi que sous les applaudissements nourris du staff et des joueurs, Geoff Ward a pris place au milieu du vestiaire pour son traditionnel speech d’avant match)
Gentlemen. Je vais être franc avec vous. Fribourg-Gottéron? Ils ont le meilleur gardien. Ils ont les meilleurs étrangers. Ils ont aussi les meilleurs joueurs suisses. Le meilleur power-play, également. Bref, c’est la meilleure équipe. C’est comme ça, malheureusement, on ne peut plus rien y faire.
(Les joueurs: ça c’est vrai coach, et en plus ils auront aussi les Mondiaux 2026)
Mais je vais vous dire pourquoi nous allons malgré tout gagner ce match.
(Les joueurs: ah bon pourquoi on va gagner alors, coach?)
Parce que cela va se jouer non pas sur la glace ni dans la tête, mais sur le banc! Christian Dubé a-t-il déjà gagné la Coupe Stanley avec Boston et le titre de champion d’Allemagne avec Mannheim? Quelque chose me dit que non… N’ai-je pas raison, gentlemen?
(Les joueurs: eh oui coach, vous avez encore raison!)
Christian Dubé a-t-il seulement déjà été élu entraîneur de l’année en Allemagne et en Suisse aussi?
(Les joueurs: ça se saurait, coach! Évidemment que non!)
Gentlemen, point numéro un: on ne change pas la tactique qui nous a permis de gagner huit places au classement pendant la saison régulière. Donc, surtout, ne jamais regarder plus loin que le prochain shift, idéalement le prochain demi-shift sur la glace. Moins vous regardez loin, mieux ça ira, croyez-moi. Bon, Théo (Rochette), Jason (Fuchs) et Antti (Suomela), vous, vous pouvez regarder un poil plus loin que les autres. J’ai pas trouvé mieux comme tactique, mais au moins ça fonctionne.
(Les joueurs: elle est vraiment top la tactique, coach!)
Point numéro deux: DiDomenico, Sörensen et Wallmark, surtout, vous ne les regardez même pas, vous ne leur parlez pas. On les laisse somnoler, comme depuis le début de la série, ok gentlemen? Les joueurs les plus dangereux, en face, je vais vous dire qui c’est: Bykov et le grand droitier avec le numéro 86. Eux, on ne les lâche pas, on ne les perd jamais de vue.
(Les joueurs: c’est bien compris, coach!)
Point numéro trois, la discipline. Si on prend des pénalités, on est morts. Donc Cody (Almond), Ronalds (Kenins) et Tim (Bozon), quand notre valeureux co-capitaine Michael (Raffl) dit, par exemple, avant d’entrer sur la glace: «allez les gars on leur arrache la tête», il ne faut pas prendre ça au pied de la lettre, c’est juste une façon de parler, ok? On est des gentlemen, pas des bandits!
(Les joueurs: il a encore raison, le coach!)
Gentlemen, pour terminer, je vais encore une fois être franc avec vous: ce soir, il faut profiter du moment, vivre à fond l’instant présent. Vous le savez aussi bien que moi: ce sera notre dernière victoire de la saison. Je préfère être honnête avec vous: derrière, je ne vois pas comment on fera pour ne pas prendre 4-0 contre les ZSC Lions en finale.
(Les joueurs: c’est pas grave coach, champion romand, c’est super aussi!)