FOOTBALLLausanne-Sport, ce favori qui n’en finit pas de décevoir
Incapable d’assumer son statut, le club vaudois passera les Fêtes au pied du podium de la Challenge League. Comment en est-il arrivé là? Éléments de réponse.
- par
- Nicolas Jacquier
Après le premier tour, tout allait encore bien pour Lausanne-Sport: avec 19 points, les relégués de la Tuilière pointaient en tête du classement et justifiaient alors leur statut de favori en comptant trois points d’avance sur Aarau. Huit semaines et neuf journées de championnat plus tard, tout s’est considérablement gâté: relégué au pied du podium, le club historique de la capitale olympique ne pointe qu’au 4e rang au moment de la pause hivernale après n’avoir récolté que 9 misérables points lors du deuxième tour; humiliation suprême et cantonale, il a été dépassé à la fois par le SLO, qui vivra les Fêtes dans la peau de coleader, et par Yverdon, les deux autres représentants vaudois.
Le classement du 2e tour (9 matches)
Voilà qui fait plutôt tache dans le paysage, chacun en conviendra. Pour le LS, c’est aujourd’hui un échec (quand bien même il reste 54 points en jeu). À quoi l’attribuer? Gabet Chapuisat pointe en premier lieu la faiblesse du recrutement estival. «L’équipe est trop juste, qualitativement, estime le consultant Blue Sport. Il manque un leader dans chaque ligne. Lausanne a pu faire illusion au départ. Mais depuis plusieurs matches, c’est le grand plongeon…»
Le dernier match de l’année (2-2 contre Aarau) n’a hélas pas permis d’inverser la tendance. «Quand vous menez 2-0 à la pause devant votre public, vous n’avez pas le droit de perdre deux points au coup de sifflet final. C’est la preuve d’un petit malaise. D’autant plus que ce n’est pas la première fois que cela arrive cette saison…»
Beaucoup pointent du doigt Ludovic Magnin. Alors que son arrivée sur le banc vaudois avait provoqué un élan d’enthousiasme, le technicien n’est pas (encore?) parvenu à trouver la bonne solution. L’ancien international helvétique souffre-t-il de ne pas être suffisamment épaulé? Notre interlocuteur n’est pas loin de le penser: «Au LS, reprend Chapuisat, Ludo fait tout, c’est Guy Roux, sauf qu’il n’y a qu’un seul Guy Roux! Il y a là un vrai problème d’organigramme. À trop jongler, Magnin se disperse. Je ne dis pas qu’il n’est pas capable d’assumer ce rôle multicasquette, mais c’est trop astreignant à la longue. Ludo mériterait d’être mieux secondé, cela amènerait aussi un peu de contradictions…»
Mais Lausanne souffre aussi d’un manque de constance dans l’effort, avec une dynamique qui s’essouffle trop vite. «J’ai le sentiment que cette équipe est incapable d’assumer son statut de favori, estime pour sa part Oscar Londono. Il y a pourtant du talent. Mais dès que le LS encaisse un but, le doute s’installe, avec trop de moments d’absence. Les excuses, cela va un moment… T’es Lausanne, pas Bellinzone! Et cela devrait se voir sur le terrain.»
Évoquer les déboires actuels du LS, c’est aussi souligner le travail de ses rivaux. À entendre son ancien milieu de terrain (ndlr: 210 matches disputés jusqu’en l’an 2000), c’est peut-être dans ce domaine – se croire naïvement au-dessus des autres – que le grand club vaudois a péché. «Tant Yverdon que le SLO ne font peut-être pas beaucoup de bruit, mais ça bosse dans l’humilité, reprend Londono. Et eux n’ont rien à perdre, ce qui les rend encore plus dangereux. Lausanne ne devra plus se cacher mais assumer son rôle de favori, ce qui va l’obliger à rectifier le tir»
Ce qui est sûr, c’est qu’il lui faudra en montrer davantage et se montrer surtout plus constant en 2023. Un premier indice tombera dès la reprise, avec un derby 100% local l’opposant au SLO sur la pelouse de la Pontaise le 29 janvier (14 h 15).