Paludisme«Nous sommes au bord d’une potentielle crise»
Les pays où le paludisme est endémique ont réussi à éviter le scénario du pire en 2020, mais la pandémie a aggravé la situation.
La pandémie de Covid-19 est responsable d’une hausse du nombre de morts du paludisme en 2020. Mais le scénario catastrophe d’un doublement du nombre de décès a pu être évité grâce à la mobilisation des autorités sanitaires. «En dépit des restrictions et perturbations liées à la pandémie de Covid-19, les pays où le paludisme est endémique ont réussi à éviter le scénario du pire que beaucoup, y compris l’OMS, avaient annoncé. Et ça, c’est un message très positif», a souligné le docteur Pedro Alonso, directeur du programme paludisme à l’Organisation mondiale de la santé.
Pour autant, en désorganisant les programmes de prévention, de détection de soins etc, la pandémie est responsable de 47’000 des 69’000 morts supplémentaires en 2020. Au total, la maladie a affecté 241 millions de personnes à travers le monde l’année dernière, soit 14 millions de plus qu’en 2019. Elle a fait 627’000 morts.
Pire en Afrique subsaharienne
Si de récents progrès permettent à de nombreux pays d’espérer éradiquer bientôt la maladie, il n’en va pas de même en Afrique subsaharienne où au contraire la situation se dégrade. Les infections ont augmenté de 15 millions de cas à 228 millions entre 2019 et 2020, le nombre de morts a aussi augmenté pour passer de 534’000 à 602’000 en un an.
«Je pense que nous sommes au bord d’une potentielle crise du paludisme», a mis en garde le docteur Alonso, appelant à une remobilisation contre ce qui reste «un problème massif de santé publique au niveau mondial et qui doit être pris à bras-le-corps, avec les pays, où la maladie est encore endémique, qui mènent la charge», a-t-il insisté.
Vaccination
En 2021, deux pays ont pu être déclarés libres du paludisme: la Chine et le Salvador. Au total, entre 2000 et 2020, 23 pays ont réussi à aligner trois années consécutives sans aucun cas de paludisme local. Les demandes de l’Azerbaïdjan et du Tadjikistan d’être reconnus comme pays libres de paludisme sont en cours d’examen, précise l’OMS.
Une autre bonne nouvelle sur le front de la lutte contre ce fléau a été annoncée récemment. Le conseil d’administration de l’Alliance du vaccin (Gavi) a donné son feu vert la semaine dernière à un programme de vaccination des enfants contre le paludisme en Afrique subsaharienne et débloqué une première enveloppe de 155,7 millions de dollars, selon un communiqué de l’organisation.