ValaisElle change les cendres de son bébé avec de la litière pour chat
Séparée de son mari, elle a voulu garder pour elle les cendres de leur enfant. Elle a été condamnée pour atteinte à la paix des morts.
- par
- Eric Felley
Une femme a été condamnée récemment en Valais pour atteinte à la paix des morts à dix jours-amendes avec sursis. «Le Nouvelliste» révèle dans son édition de vendredi cette histoire aussi triste qu’extraordinaire. Les faits relèvent sans doute d’un cas unique dans les annales judiciaires.
Il y a quelques années, alors que cette femme vivait avec son mari, elle avait perdu un enfant, décédé dans son ventre après huit mois de grossesse. Le couple avait décidé alors une crémation et les cendres ont été conservées dans une urne à leur domicile. En 2021, le couple s’est séparé et le sort de l’urne a été évoqué. D’un commun accord, les cendres de l’enfant sont demeurées au domicile conjugal conservé par le mari, tandis que la femme est allée vivre dans un autre logement.
«Le même bruit que les cendres»
Cependant, l’année dernière, elle a ressenti le besoin de la présence des cendres auprès d’elle à l’occasion de l’anniversaire du décès de son bébé. Elle a demandé à son mari de pouvoir prendre l’urne chez elle pour quelques jours. Il était convenu entre eux qu’elle la restitue. C’est là qu’elle a pris une décision lourde de sens. Elle a sorti les cendres de l’urne afin de les garder auprès d’elle et les a remplacées par de la litière pour chat. «J’ai choisi ce produit, explique-t-elle au quotidien valaisan, car il fait le même bruit que les cendres quand on agite l’urne. Vous savez, c’était de la litière propre».
Trop parlé
Le subterfuge était parfait. Au retour de l’urne, le mari ne s’est douté de rien. Toutefois, la mère a trop parlé. D’une connaissance à l’autre, d’une langue à l’autre, le mari a été mis au courant du transfert des cendres et il a déposé une plainte contre elle. Face au caractère inédit de cette tromperie, le Ministère public valaisan a retenu contre elle l’infraction d’atteinte à la paix des morts. Un verdict qu’elle n’a pas contesté, même si elle ne comprend pas le fondement de sa condamnation, si légère soit-elle.
Le procureur général valaisan Nicolas Dubuis commente ce verdict clément: «Le Ministère public a tenu compte de la forte charge émotionnelle et de l’aspect humain de cette affaire, tout comme des souffrances du père et de la mère».
Dans la perspective du divorce à venir, la femme estime que les cendres de l’enfant doivent se trouver auprès d’elle. Elle dit vouloir se battre pour que cela soit le cas.