Hockey sur glace«Deux semaines qui vont marquer l’histoire du canton»
La semaine dernière, Fribourg a fait un nouveau pas en direction des Mondiaux 2026 que la ville coorganisera avec Zurich, en présentant la structure chargée de faire monter la sauce. Le point avec le boss Marc-André Berset.
- par
- Robin Carrel Fribourg
Il reste environ 820 jours avant le Mondial… C’est loin, mais c’est tout près.
C’est exactement ça! Beaucoup de monde nous explique que c’est dans plus de deux ans, qu’on a le temps… Mais l’Association qui a été lancée en vue du Championnat du monde 2026 (je donne le titre exact: Association CM 2026 / Events & Legacy Fribourg–Switzerland) est là pour aider et être à la disposition du comité d’organisation. On est l’équivalent de ce qu’on appelle la «host city», par rapport aux championnats du monde, aux Jeux olympiques ou aux différents événements. Et dans notre titre, il y a «Events». Ça veut dire que nous voulons créer des événements avant ce Mondial, afin de valoriser ce moment et faire venir les gens à la patinoire. C’est là qu’on se dit que deux ans et demi avant, ce n’est pas trop tôt. C’est totalement dans la cible, même! Il y a déjà un compte à rebours à Crans-Montana, alors que les Mondiaux de ski y auront lieu en 2027… Tout va aller très, très vite.
Est-ce que vous regardez souvent le classement de l’IIHF (qui définit les groupes pour les Mondiaux)?
Non, pas encore. Parce qu’il peut encore pas mal bouger. Et il y a aussi des aspects géopolitiques qu’on ne maîtrise pas là-dedans (ndlr: la Russie et la Biélorussie sont encore bannies des compétitions internationales). Je regarderai cette hiérarchie attentivement en 2025. Parce que ce sera important pour Fribourg. L’équipe de Suisse ne sera très probablement pas sur la glace de la BCF Arena et on aimerait avoir des équipes attractives. Il n’y a pas de groupe fort ou faible. Les deux sont équivalents au niveau sportif. C’est le classement mondial qui est déterminant. On verra.
Vous connaissez ces Mondiaux mieux que moi: les matches entre le Kazakhstan et la Norvège, à midi le samedi ou le jeudi à 15 heures…
Et ça, c’est le grand défi du comité d’organisation, pour l’association, pour Fribourg. On est la plus petite ville à organiser un championnat du monde de hockey au XXIe siècle, mais nous sommes une région de hockey très, très forte. Nous allons donc essayer de la valoriser et de faire de la promotion pour que les gens d’ici prennent bien conscience qu’il faudra être de la partie. Ce tournoi va aussi permettre à la région, au bénéfice de nombreux atouts, de se positionner au niveau international. Mais cela dépasse Fribourg. On veut fédérer les fans romands et suisses… On peut imaginer que les supporters de Genève-Servette, Bienne, Lausanne ou Ajoie auront envie de venir voir leurs internationaux finlandais ou suédois lors d’un Championnat du monde. Les projets pour attirer le public sont nombreux en collaboration avec le comité d’organisation. Un exemple: en 2009, lors des derniers Mondiaux en Suisse à Berne et Kloten, près de 10 000 enfants des écoles avaient été invités. Chez nous, on peut imaginer aussi que des élèves puissent venir aux matches. Après, c’est clair que nous ne serons pas à guichets fermés pour chaque rencontre comme lors des matches de Gottéron. Mais je pense qu’il y a moyen de mettre en place pas mal de choses pour accueillir le plus de public possible. Je suis assez confiant.
Je me souviens de mon premier Mondial en tant que spectateur. J’avais fini à 11 heures du matin à Prague à un Japon-Kazakhstan à deux euros l’entrée…
Il faut être vraiment clair: la politique tarifaire dépend du comité d’organisation et de son secrétaire général Christian Hofstetter. Mais il se base et s’appuie évidemment sur le ressenti des gens de la région. L’homme connaît bien la région et a une sacrée expérience. Il a été vice-capitaine de Gottéron. Lui et son équipe savent que le but de cet événement, c’est de remplir au maximum la patinoire et dégager une image favorable. Le prix des billets sera fait en fonction, afin que les gradins soient pleins au maximum. Imaginons: il y aura une trentaine de matches à Fribourg. La phase de poules et deux quarts de finale, et tu as le Canada et la Suède ou la Finlande. Là, sans trop se mouiller, tu peux imaginer faire le plein lors de leurs parties. Un bon tiers des rencontres sont potentiellement à guichets fermés. Moi je pense que nous pouvons être résolument optimistes.
Au vu de ces affiches, Fribourg est donc bien la ville idoine pour accueillir ces Mondiaux? La BCF Arena est remplie tout le temps…
Je pense que Fribourg est l’endroit idéal pour organiser et être partenaire de ces Championnats du monde. Parce que nous nous trouvons entre les Suisses romande et allemande et que la patinoire est magnifique. Les gens qui travaillent ici veulent vraiment évoluer autour de ce projet. Il y a une volonté de tout le monde d’y être impliqué. Et puis le public de Fribourg Gottéron est fait de passionnés de hockey et il y a une sacrée fierté de se dire qu’on va jouer un Mondial sur notre glace. Il a envie de montrer que c’est le meilleur public de Suisse et que s’il remplit la patinoire à chaque match de National League, il veut aussi participer à ce Championnat du monde. Je pense que Fribourg a plein d’atouts. Sinon, déjà, on n’aurait pas obtenu son organisation…
C’est quoi le groupe de rêve? Le Canada, la Suède ou la Finlande, la Grande-Bretagne…
Une poule où il y a de belles têtes d’affiche, effectivement. Si on a les Canadiens, par rapport à leur histoire en Suisse romande, à leur logo, ce serait absolument génial. Un des Scandinaves aussi, parce que maintenant il y a énormément de joueurs venus de Suède et de Finlande dans notre championnat. Ce serait un gros atout. Et puis au niveau des nations un peu plus loin au classement de l’IIHF, afin de mettre en avant les atouts touristiques de Fribourg, la Grande-Bretagne ce serait intéressant. Mais l’Allemagne aussi, ça pourrait être bien.
Le Kazakhstan un peu moins?
Il y a peut-être moins de proximité, c’est vrai. Mais des têtes d’affiche et que ce soit serré sportivement. Ce serait assez cool parce que ça fait quand même venir les gens.
Après, ça dépend de plein de facteurs… Qui a été éliminé en NHL? Quid de la Russie et de la Biélorussie?
Mais c’est un tournoi de portée internationale, sans doute le plus grand événement de l’histoire du canton de Fribourg et le plus grand en Suisse romande depuis l’Euro 2008... Quoi qu’il en soit, le tournoi en lui-même a une énorme valeur, bien qu’on soit le deuxième site hôte derrière Zurich et sans avoir l’équipe nationale suisse. Tout le reste, ce sera du bonus. La compétition est diffusée dans plus de cent pays. Il y aura quelque mille médias accrédités. Tous les hôtels seront pleins. La base est là et le reste sera génial. Si on a le Canada, c’est fantastique. La Russie, sportivement, c’est magnifique aussi. Ça aura une sacrée saveur de toute façon.
Là on extrapole, mais le boulot maintenant c’est d’entretenir la flamme pendant deux ans et quart.
Il faut même la nourrir! Dans le nom de notre association il y a «Events et Legacy». «Events», pour les projets. On a parlé de patinoire itinérante qui va se balader dans la région pour faire la promotion du hockey au sens large du terme. Il y aura une BD sur l’histoire du hockey, une websérie pour parler de ce jeu dans la région, en Suisse romande… Il y a aussi plein d’autres projets, qui doivent inscrire tout ça dans la tête des gens. Et il faudra être là en 2026. Il faudra être de la partie. Ça va vibrer dans les rues de Fribourg! Ça va vibrer à la patinoire! Et puis il y a «Legacy», la notion d’héritage. La patinoire itinérante sera ensuite fixe et à disposition de la ville. Et puis pour les standards IIHF, il faut huit vestiaires pour les équipes nationales qui viendront ici. Tu dois d’abord les aménager, mais derrière, tu peux les utiliser pour les équipes juniors et d’autres formations. Ils vont profiter de ces infrastructures.
C’est quand même trois ans et quelques de boulot pour deux semaines et demie environ…
Pour deux semaines, effectivement. On s’est réuni en association avec la Ville et l’État de Fribourg justement pour être plus forts. Comme on est une petite ville, il fallait se mettre ensemble pour être à la hauteur de ce défi. À la fin, on veut que le comité d’organisation se dise qu’il a bien fait de désigner Fribourg. J’aimerais qu’on se rappelle de nous comme un petit Lillehammer. Ces JO, en 1994, sont restés dans l’imaginaire collectif. L’engouement des gens sur place, les images… Ce n’était pas forcément une compétition dont on se souvenait, mais le public, le bord des pistes de ski de fond où tout le monde vibrait… On aimerait laisser ça de Fribourg, pendant ces deux semaines qui vont marquer l’histoire du canton et du sport en Suisse. Parce que ça fait quand même dix-sept ans que le Mondial n’est plus venu chez nous, alors que d’habitude c’est à peu près chaque décennie. Nous nous préparons pour être là le jour J et c’est intéressant d’avoir cette date butoir, car ce n’est pas ainsi que se gère un club de sport d’habitude. Gottéron, c’est au quotidien et il peut se placer plein de choses. Là, tu sais qu’à un moment donné, ça va démarrer et il faudra que tout soit en place entre tous les partenaires, et ne pas se louper. C’est stimulant!