­­­Paris: Le directeur de Sciences Po arrêté pour violences conjugales

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ParisLe directeur de Sciences Po arrêté pour violences conjugales

Nouveau scandale à l’école de l’élite française: Mathias Vicherat, qui dirige l’institution depuis 2021, est en garde à vue à Paris, tout comme sa compagne. Tous deux s’accusent mutuellement.

Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel.

Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel.

AFP

Nouvelles turbulences pour l’école de l’élite, secouée ces dernières années par plusieurs scandales: le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, en poste depuis 2021, a été placé en garde à vue dans une affaire de violences conjugales. Peu après son arrivée à la tête de Science Po, il avait décrété «priorité absolue» les violences sexistes et sexuelles.

Mathias Vicherat, 45 ans, est en garde à vue avec sa compagne depuis dimanche soir au commissariat du VIIe arrondissement, selon une source proche du dossier et le parquet de Paris. Tous deux gardés à vue s’accusent mutuellement de violences conjugales, a-t-on appris de mêmes sources.

Souvent présenté comme la fabrique des élites françaises, Sciences Po Paris cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d’années sans que son prestige académique n’en soit pour l’heure entaché.

Nommé dans la foulée du scandale Duhamel

Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel. Ce dernier était alors le président de la fondation nationale des Sciences politiques (FNSP) qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris.

Frédéric Mion avait lui-même été désigné à la tête de Sciences Po Paris après le décès accidentel dans une chambre d’hôtel à New York de Richard Descoings, emblématique patron de Sciences Po de 1996 à 2012 qui a profondément modernisé et développé l’institution fondée en 1872. Le bilan de l’ère Descoings avait cependant été assombri par un rapport au vitriol de la Cour des comptes sur la gestion financière de l’établissement, ce qui avait suscité une première crise de gouvernance.

Ancien camarade de promo d’Emmanuel Macron à l’ENA

Ancien élève de Sciences Po, dont il est sorti en 2000, Mathias Vicherat est un ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA. Il est décrit comme un touche-à-tout ambitieux doté d’un solide réseau. Il a été en poste à la direction générale de la police nationale avant d’exercer les fonctions de directeur de cabinet du maire de Paris Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo, de directeur général adjoint de la SNCF puis de secrétaire général de Danone.

Ce quadragénaire à l’allure soigné suscite des commentaires variés de ses anciens collègues et collaborateurs: «intelligent», «brillant», «travailleur», mais aussi «arrogant» ou «petit marquis». Il a été en couple avec la journaliste Marie Drucker, avec qui il a un fils en 2015. Il a publié en 2001 un livre sur le rap, «Pour une analyse textuelle du rap français».

Appel à démission

«On attend bien sûr d’avoir des éléments supplémentaires mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce sujet», a réagi Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l’Institut (union étudiante) et membre du conseil d’administration de la FNSP. «Et encore moins dans le contexte de Sciences Po qui a connu l’affaire Duhamel, et plus récemment des blocages d’étudiants pour dénoncer le laxisme de l’institution face aux violences sexistes et sexuelles», a-t-elle ajouté.

«Par devoir d’exemplarité, nous pensons que Mathias Vicherat ne peut représenter l’institution et si ces faits sont avérés, nous demanderons sa démission», poursuit Inês Fontenelle. «On a tous appris l’information par la presse, et on est tous sous le choc, la sidération est la même qu’au moment de l’affaire Duhamel.»

(AFP)

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