FranceL’électrosensible brouillait les ondes d’une commune
Les enquêteurs ont découvert que tout venait d’un appartement, habité par un allergique aux ondes. Qui en produisait encore plus que celles qu’il subissait.
- par
- Michel Pralong
En été 2022, l’agence nationale française des fréquences (ANFR) a reçu une plainte d’un opérateur mobile. Une station relais de Sarreguemines, en Moselle, était victime d’un brouillage. Rendus sur place, les enquêteurs ont en effet constaté que les bandes 2G, 3G et 4G étaient perturbées, mais également le GPS et le wi-fi. Et que le responsable ne pouvait être qu’un brouilleur d’ondes, dispositif interdit.
Avec un véhicule spécial, équipé d’un détecteur d’ondes sur le toit, les employés de l’ANFR ont sillonné la commune, explique l’agence dans un rapport repéré par Numerama. Ils sont parvenus devant un immeuble puis, une fois à l’intérieur de celui-ci, leurs appareils les ont menés à un appartement. Craignant que le brouilleur serve à dissimuler des activités criminelles, les enquêteurs ont fait appel à la police.
Des murs recouverts d’aluminium
Accompagnés par les agents, ils ont alors sonné à la porte et rencontré le locataire, qui vivait dans un endroit surprenant. Les murs étaient recouverts de papier aluminium et de nombreuses couvertures de survie se trouvaient dans l’appartement. Son occupant a expliqué être électro hypersensible, troublé par toutes les ondes électromagnétiques. Et il a spontanément présenté son brouilleur qu’il utilisait, selon lui, à des fins thérapeutiques. Il a dit que ses symptômes de mal-être disparaissaient quand il était à proximité de son brouilleur et qu’il dormait beaucoup mieux.
L’ANFR explique que l’individu soignait le mal par le mal puisque le principe d’un brouilleur d’ondes est d’en produire des encore plus fortes que celles qu’on veut perturber. Et que la cage de Faraday qu’il avait tenté de mettre au point avec ses feuilles d’aluminium pour faire barrage aux ondes ne fonctionnait pas trop puisque son brouilleur avait réussi à perturber toute la zone. Les enquêteurs se sont contentés d’expliquer cela à l’hypersensible et ont désactivé son brouilleur. Les perturbations ont cessé. Pendant quatre jours…
Les brouillages ont repris, mais seulement de nuit. Un nouveau repérage a conduit les agents jusqu’au même appartement, où le locataire a expliqué candidement qu’il avait rebranché son brouilleur. L’individu a récidivé plusieurs fois, avec des brouilleurs plus perfectionnés qui brouillaient aussi la 5G. L’homme a fini devant un tribunal, qui l’a reconnu coupable, mais sans intention de perturber l’ordre public ou de commettre un acte de délinquances. Il s’en sort avec la confiscation de ses appareils et le paiement du droit fixe de procédure. Il devait y avoir de bonnes ondes dans le tribunal.