FranceRévolution en vue grâce à une greffe de peau imprimée en 3D
Un hôpital de Marseille pourra bientôt imprimer de la peau en 3D. Cette première mondiale touchera les grands brûlés ou les patients ayant subi une ablation à cause d’un cancer.
Fabriquer de la peau grâce à une imprimante 3D, puis la greffer sur un patient: l’hôpital de La Conception, à Marseille, espère signer cette première mondiale d’ici à quelques mois, grâce à la machine laser créée par une start-up française. «C’est une véritable révolution», s’enthousiasme Florence Sabatier, cheffe du laboratoire de culture et thérapie cellulaire de La Conception, où vient d’être installée une plateforme de bio-impression robotisée développée par la société Poietis.
«C’est un outil technologique de pointe, qui va nous permettre de fabriquer de la peau bio-imprimée utilisable chez l’homme. Des premiers essais cliniques sont prévus au premier trimestre 2022», a-t-elle précisé, se disant «optimiste» quant à la validation du procédé par l’Agence française du médicament. Les premières greffes sont prévues sur douze patients, des personnes «jeunes ayant une bonne qualité de cicatrisation» et présentant «des plaies simples». Ils seront «suivis pendant deux ans», le temps de vérifier «que les choses soient stabilisées».
Peau bien vascularisée
Ce n’est que très récemment que le développement de l’imprimante 3D s’est finalisé. «Il a fallu régler les paramètres de la machine, optimiser les caractéristiques de la peau bio-imprimée. Il y a eu un test chez l’animal. Au final, on obtient une peau bien vascularisée, avec des propriétés mécaniques très satisfaisantes», témoigne le docteur Maxime Abellan-Lopez, chirurgien plasticien.
Jusqu’à présent, aucune technique n’avait encore permis de remplacer efficacement la greffe d’une peau prélevée sur le patient lui-même. «L’intérêt de la peau bio-imprimée est de proposer aux patients, à partir d’un petit échantillon, d’augmenter et de réimprimer sa peau avec une architecture complète, puis de la réimplanter», explique le professeur Dominique Casanova, chef du service de chirurgie plastique et réparatrice à l’hôpital de La Conception. «Cela concerne énormément de patients: les grands brûlés, mais aussi les patients traumatisés après un accident ou ceux qui ont subi une ablation pour un cancer, une tumeur.»
Environ trois semaines
«La production d’une peau imprimée en 3D prend environ trois semaines», explique Fabien Guillemot, ancien chercheur, fondateur de Poietis. «Elle démarre par le prélèvement d’un fragment de peau de quelques centimètres carrés sur le patient», dont «on extrait des cellules du derme et de l’épiderme», qu’on va multiplier pour fabriquer un tissu plus grand que le prélèvement initial: «Cette première phase prend une dizaine de jours», détaille le chef d’entreprise.
Vient ensuite la phase de bio-impression proprement dite, qui ne prend que quelques heures: grâce au laser, «l’imprimante va déposer des microgouttelettes contenant des cellules, couche par couche. On laisse ensuite évoluer la structure pendant quelques jours, jusqu’à obtenir un tissu fonctionnel.»