FrancePierre Ménès, «un beauf» mais pas un agresseur sexuel
BFMTV s’est procuré le rapport d’enquête interne de Canal+ qui avait été réalisé à la suite de la diffusion d’un documentaire sur le sexisme dans le sport.
Dans un rapport d’enquête interne de Canal+ réalisé à la suite de la diffusion du documentaire de Marie Portolano beaucoup de témoins décrivent Pierre Ménès comme «un beauf» qui pesait sur l’ambiance des sports de la chaîne. Mais pas comme un agresseur sexuel. C’est qu’en conclut BFMTV après s’être procuré ces sept pages barrées du mot «confidentiel» et présentées à une partie du comité social et économique du groupe de médias en janvier 2022.
Il s’agit de la synthèse d’entretiens réalisés par une représentante du personnel et une de la direction. Sur les 42 personnes – 25 hommes et 17 femmes – travaillant dans la sphère du «Canal football club» ou de la direction des sports de Canal+ qui ont été sollicitées, 30 ont accepté. Des témoignages «à la confidentialité totale» dont ni les noms, ni les faits précis n’apparaissent, précise BFMTV.
Quatre femmes victimes de Ménès
Sept personnes – deux hommes et cinq femmes – s’estiment victimes de «comportements sexistes et inappropriés» autour de l’émission. Parmi les cinq femmes victimes, quatre disent l’avoir été de Pierre Ménès et une d’une autre personne. Douze personnes déclarent avoir été témoins de ces comportements.
Beaucoup de témoins décrivent le consultant comme un «beauf avec un langage coutumier grossier et vulgaire» qui, quand il s’adresse aux femmes, à des propos «souvent de nature sexuelle et dégradants». Une attitude qui a été l’un des motifs de recrutement de Pierre Ménès, comme le reconnaissent les enquêtrices. «Il a été embauché pour son expertise footballistique et pour mettre du «piquant» dans l’émission avec donc une certaine tolérance de la part de la direction sur son langage», est-il écrit dans le rapport. Il y est même souligné que, précurseur, c’est lui qui a promu d’anciennes sportives à l’antenne comme consultantes.
Le parquet a ouvert une enquête
Toutefois, avec le temps, Pierre Ménès aurait été de plus en plus «vulgaire et provocateur envers les plus faibles», c’est-à-dire les débutants et les personnes qu’il estime «non légitimes». «Son côté lourdingue fatiguait de plus en plus, il était de moins en moins compris car il ne changeait pas malgré les remarques de ses collègues pour le calmer: il devenait même, selon certains, pathétique.» Pour certains témoins, «le climat de l’émission est beaucoup plus serein sans lui» – le consultant avait quitté Canal+ après la diffusion du documentaire.
Pour BFMTV, selon cette enquête, Pierre Ménès apparaît donc «apprécié comme il est détesté», mais il ne ressort pas comme un délinquant sexuel. Toutefois, si le rapport n’évoque aucun fait susceptible de recevoir une qualification pénale, le parquet a tout de même ouvert une enquête préliminaire pour agression sexuelle et harcèlement sexuel début janvier