Harcèlement sexuel dans les centres d’asile: les victimes n’osent pas parler

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SuisseHarcèlement sexuel dans les centres d’asile: les victimes n’osent pas parler

Plusieurs employés de centres fédéraux d’asile sont soupçonnés d’avoir abusé sexuellement de femmes. Les requérantes vont rarement jusqu’à la plainte, par peur de représailles. 

La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a effectué 17 visites dans des centres d’asile en 2021 et 2022 et a fait état d’au moins quatre cas de violences sexuelles envers des demandeuses d’asile. (image d’illustration)

La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a effectué 17 visites dans des centres d’asile en 2021 et 2022 et a fait état d’au moins quatre cas de violences sexuelles envers des demandeuses d’asile. (image d’illustration)

20min/Marvin Ancian

C’est arrivé une nuit d’octobre 2021: trois employés d’un centre d’asile fédéral ont organisé un barbecue avec trois demandeurs d’asile. Par la suite, un employé a eu des rapports sexuels avec l’une des femmes présentes, une Iranienne de 39 ans.

Elle était incapable de se défendre, a-t-elle raconté plus tard à la police. Lui, de son côté, a déclaré qu’elle était consentante. C’est ce qu’attestent les documents mis à la disposition de la «NZZ am Sonntag». Au final, le ministère public n’a pas retenu l’infraction de viol et n’a pas engagé de poursuites pénales.

Ce n’est pas la première fois que de telles transgressions se produisent dans des centres fédéraux d’asile: la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a effectué 17 visites dans des centres d’asile en 2021 et 2022 et a fait état d’au moins quatre cas de violences sexuelles envers des demandeuses d’asile. La relation de travail a été suspendue dans trois cas et des poursuites pénales ont été engagées dans un cas.

Victimes femmes ou LGBT

Alicia Giraudel, juriste et spécialiste des droits humains à Amnesty International, continue de recevoir des signalements de demandeurs d’asile qui ont été harcelés ou abusés sexuellement par des employés des centres.

Les victimes sont généralement des femmes, mais parfois aussi des personnes LGBT. «Le problème, c’est la grande relation de dépendance, explique Alicia Giraudel. Les collaborateurs en question utilisent leur position de pouvoir sur les demandeurs d’asile.» Cependant, toutes les femmes ne portent pas plainte. «Beaucoup craignent qu’une plainte puisse avoir un impact négatif sur leur procédure d’asile», ajoute encore la spécialiste.

Une ancienne employée d’un centre fédéral d’asile, qui a accepté de témoigner sous couvert de l’anonymat, a déclaré à la «NZZ am Sonntag» que l’atmosphère dans le centre où elle travaillait était généralement sexiste – envers les demandeuses d’asile, mais aussi envers les collaboratrices. «Les employés masculins discutaient souvent des femmes attirantes et de celles qui ne l’étaient pas. Ils commentaient bruyamment la taille des seins des femmes.» Dans un cas, un employé a entretenu une relation privée avec une réfugiée pendant plusieurs semaines. «Bien qu’interdit, ce comportement n’a pas été puni», termine-t-elle. 

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

(cle)

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