TélévisionComment les protagonistes du docu «Jeunesses!» ont été choisis
Ils sont cinq à témoigner de leur expérience dans ces mouvements campagnards vaudois durant un an. Voici comment les réalisateurs ont porté leur choix sur eux.
- par
- Michel Pralong
Vous avez été nombreux à suivre le premier épisode du documentaire «Jeunesses!» vendredi dernier: 107 000 personnes pour 33,2% de part de marché. Vous avez donc appris à connaître les cinq personnages principaux, que l’on va découvrir au fil des quatre épisodes de cette série consacrée aux Jeunesses vaudoises. Les choisir n’a pas été évident.
L’équipe de tournage n’a eu que deux mois, d’octobre à décembre 2021, pour faire son casting. Il a fallu rencontrer une douzaine de Jeunesses. Le choix s’est limité au canton de Vaud, même si Fribourg en compte aussi, car l’idée était que tous les protagonistes se retrouvent dans l’épisode final lors du giron, ce qui n’aurait pas été possible sur deux cantons.
Pas de femmes volontaires
La responsable médias des Jeunesses vaudoises a guidé l’équipe. Cette dernière cherchait des volontaires qui non seulement accepteraient de se livrer face caméra, mais pour qui cette année allait d’une manière ou d’une autre changer leur vie. Une offre aux postulations a donc été lancée. Un premier problème s’est tout de suite posé: de nombreux garçons ont répondu, mais pas de filles! Pourtant, à l’exception des Moulins/Château-d’Œx, elles font partie des Jeunesses vaudoises depuis les années 1980.
L’autre souci, lorsque les réalisateurs ont cherché des femmes, c’est que la plupart, si elles vivaient dans leur village, travaillaient en ville et l’équipe de tournage préférait des jeunes qui passaient leur vie dans leur commune. Une candidate s’est toutefois vite imposée: Lucie. La relation médias de la Fédé a expliqué qu’elle allait se présenter en 2022 à la présidence de la Fédé, une aubaine pour le documentaire, d’autant que, si elle était élue, elle n’allait être que la deuxième femme à occuper ce poste. Ce qui a été le cas, comme vous l’avez découvert la semaine dernière.
En se rendant à Corcelles-près-Payerne, l’équipe avait rencontré Irène, qui fait partie du comité. Elle présentait l’avantage d’être institutrice dans son école. De plus, sa classe était menacée de fermeture en 2022, par manque d’effectifs, ce qui l’obligerait à aller enseigner un Payerne, ce qu’elle redoutait. Elle a pu être convaincue de participer à l’émission.
Chez les garons, le plus enthousiaste à participer était Robin. Le jeune homme de Grandvaux avait eu une adolescence difficile et les Jeunesses lui ont apporté énormément, il voulait témoigner de cela. De plus, à 18 ans, il allait devoir passer son permis et affronter pour la première fois le trac de l’expérience théâtrale.
Damien aussi s’est proposé spontanément. Il voulait témoigner en mémoire de son frère, disparu quelques mois auparavant dans un accident de voiture en sortant d’une séance du comité de la Jeunesse des Moulins. De plus, en 2022, il devait passer ses examens de fin d’apprentissage et, s’il les réussissait, déménager de chez sa mère.
Joël s’est présenté très motivé. Lui, ancien président de la Jeunesse de Chavornay y avait fait son coming out et allait se marier dans l’année 2022 avec son compagnon. Et tout marié doit quitter les Jeunesses. La révélation de son homosexualité avait d’ailleurs été mal prise par son père et à l’époque du début du tournage, Joël ignorait si ce dernier allait venir à son mariage ou non.
Avec tous ces récits de vie, le casting était bouclé, restait à espérer que chacun répondrait aux attentes et que les aléas de la vie allaient être favorables à chacun et au documentaire. Il y a eu beaucoup de petits bonheurs durant le tournage, notamment lorsque le père de Joël a interpellé l’équipe, «les gauchistes de la RTS», pour leur expliquer que lui-même avait été filmé par la télé romande il y a plus de 40 ans.
Le reportage, réalisé à l’époque par Marcel Schüpbach et consacré l’alcool dans les Jeunesses, a été retrouvé. Et dans l’extrait diffusé dans ce deuxième épisode, l’homme que l’on voit s’indigner à l’idée d’interdire la Suze dans les girons pour diminuer les accidents de la route, n’est autre que… le papa de Joël.
«Jeunesses!» épisode 2/4, RTS1, vendredi 8 septembre, 20 h 10