ConfédérationDes millions de doses inutiles qui risquent de coûter cher
17 millions de doses de vaccins ont été commandées par la Suisse et pas encore livrées. La Confédération a dû verser des avances, qui seront perdues si le pays n’en a plus l’utilité. Un représentant de l’ONG Public Eye les estime à 60 millions de francs.
- par
- Eric Felley
La Suisse a commandé pour 17 millions de doses de vaccins qu’elle n’a pas encore reçues. Ce sont les chiffres avancés ce matin sur la RTS et confirmés par la cheffe de la section Contrôle de l’infection de l’OFSP, Virginie Masserey. Étant donné que le rythme de la vaccination a singulièrement baissé, se pose aujourd’hui la question de savoir ce qu’il va advenir de ces commandes: «Si on n’en a pas besoin tout de suite, a-t-elle précisé, on peut discuter de les faire livrer à une date ultérieure, ce qui permet de mettre des doses à disposition d’autres pays qui en auraient besoin maintenant».
Contrats confidentiels
Le fabricant Moderna confirme que la Suisse peut effectivement reporter certaines quantités d’un trimestre à l’autre. Mais, si l’on se dirige vers la fin de la pandémie, la Suisse pourrait ne plus avoir besoin de tous ces vaccins. Dès lors, elle pourrait perdre les acomptes versés au moment de passer commande, a admis Virginie Masserey. Combien? Comme les contrats concernant les vaccins font l’objet d’une confidentialité totale, que même le Parlement n’a pas réussi à lever, c’est difficile à dire.
Des avances pour 60 millions de francs?
Cependant, pour Patrick Durisch, responsable de la politique santé de l’ONG Public Eye, on peut procéder à une estimation à partir des accords qui ont été conclus avec l’Union européenne, qui prévoyaient un acompte de 20% pour Moderna et Pfizer. «Si on parle de 20%, de 15 millions de doses et de 20 francs en moyenne la dose, calcule-t-il, la Suisse a donc payé quelque 60 millions, rien que pour l’acompte». Selon lui, c’est cher payé pour «le principe de précaution» et il se demande pourquoi la Suisse a-t-elle passé d’aussi grosses commandes.
Nul doute que le Parlement reviendra sur ces questions lors d’une prochaine session. Et que les réponses seront toujours difficiles à obtenir.