CyclismeLaurent Dufaux: «Ces émotions m’ont marqué à vie»
Quatrième du Tour de France en 1996 et 1999, le Vaudois aurait tellement voulu être au départ, ce dimanche, dans son jardin à Aigle.
- par
- Christian Maillard
Laurent Dufaux, le Tour de France revient en Suisse romande: quelles sont vos émotions?
Je me réjouis de pouvoir retrouver la magie du Tour de France, cette grosse machine de guerre. C’est une chance énorme pour la région lausannoise et le Chablais d’accueillir la plus grande course du monde et il faut savourer. Les organisateurs ont été récompensés par leur travail et leur persévérance, car après une candidature, les étapes ne tombent pas du ciel. Pour obtenir un tel événement, ce sont des années de travail et de relations avec les dirigeants d’ASO. Ils ont réussi à obtenir un week-end grandiose avec en plus une météo extraordinaire. Pour la mise en avant de notre beau pays et notre belle région, c’était difficile de faire mieux que ça.
Avez-vous des fourmis dans les jambes?
Si j’avais pu revenir en arrière avec un week-end comme celui-là, j’aurais été galvanisé et hypermotivé, comme les coureurs danois sur leurs routes. Quand tu es régional de l’étape, cela te donne des ailes. Alors oui, j’aurais bien voulu vivre cela sur ces routes. Pour avoir participé 11 fois à la Grande Boucle comme coureur, le Tour c’est forcément beaucoup d’excitation et de la fierté de pouvoir revivre une édition. Cette course m’a apporté énormément dans ma carrière sportive. J’y étais retourné deux fois, à Verbier comme invité et à Émosson comme spectateur.
Là, c’est encore différent, puisque ce Tour qui vous a tant donné va s’élancer devant votre pas-de-porte…
J’ai été en effet habitant d’Aigle, membre du Cyclophile de la ville qui fête ses 100 ans cette année, autant dire que le Tour part de mon jardin. Après le Tour de Romandie, le Tour du Pays de Vaud, voilà la Grande Boucle en attendant le Tour de Romandie féminin en octobre. C’est l’année du vélo dans le canton de Vaud, c’est vraiment génial! Je me réjouis de voir l’affluence au bord des routes, alors qu’il y aura le départ avant que le peloton ne repasse quelques heures après. Cela va être une grande fête.
C’est quoi le sentiment, quand on est un coureur suisse et qu’on débarque dans le peloton dans sa région?
Cela m’est arrivé à une reprise. En 1997, je jouais la victoire d’étape à Fribourg et on était passé avant tout près d’Ollon, devant ma maison. J’ai eu cette chance de passer devant mon village, notamment dans la montée du col de la Croix, puis aux Mosses. Pour moi, cela reste un souvenir mémorable. De passer sur ses routes d’entraînement, de croiser des regards devant son fan-club, il y avait de l’excitation et un certain stress par rapport à l’événement et l’engouement. Le Tour, c’est magique avec une foule extraordinaire. Ces émotions m’ont marqué à vie.
Vous n’aviez pas été loin de vous imposer à Fribourg, c’est juste?
On arrivait de Châtel et j’aurais bien voulu conclure en effet cette belle journée par une victoire, mais j’avais terminé 5e. Avec mes coéquipiers, qui devaient m’emmener au sprint, on s’était fait piéger bêtement tandis qu’il ne restait plus que 35 à 40 coureurs à jouer la victoire. C’est Christophe Mengin qui s’était imposé. Il y avait forcément de la frustration, même si la journée avait été magnifique.
Vous n’étiez pas ou plus dans le peloton en 2000 lors de l’arrivée à Lausanne?
Non, car j’avais abandonné quelques jours avant, victime d’une mauvaise chute. Mais j’avais assisté à cette étape au passage au col des Mosses, comme spectateur.
Qui va s’imposer ce dimanche entre Aigle et Châtel?
À l’aube des grandes étapes de montagne, après une semaine éprouvante, dont les pavés qui ont laissé des traces dans le peloton, il s’agit du premier rendez-vous avec les grands cols. J’imagine qu’il devrait y avoir une grosse échappée dès le matin, et ensuite une première explication avec les cadors, après une bagarre dans le final du Pas de Morgins. Des favoris pourraient bien se faire piéger. Cela promet un beau spectacle.