Loyers: le taux d'intérêt directeur va augmenter en 2023

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LoyersDès 2023, les locataires vont en baver, mais pas tous en même temps

Le taux qui régit la fixation des loyers reste stable cette fin d’année, mais tout le monde est désormais certain qu’il augmentera l’an prochain. Et pas qu’une fois.

Yannick Weber
par
Yannick Weber
L’Asloca craint que de nombreux locataires ne finissent simplement par rendre les clés.

L’Asloca craint que de nombreux locataires ne finissent simplement par rendre les clés.

20min/Marco Zangger

Trois pourcents l’année prochaine, puis trois de plus celle d’après et ainsi de suite: dès 2023, beaucoup de factures de loyers vont grimper et ce, aussi pour les personnes qui sont déjà bien installées chez elles. Les regards sont tournés vers le taux d’intérêt de référence, fixé par l’Office fédéral du logement (OFL) chaque trimestre.

Le calme avant la tempête

Quand il augmente, les propriétaires peuvent augmenter les loyers de leurs locataires. Quand il baisse, ils doivent, sur demande, les baisser. Jeudi, l’OFL a fixé le taux à 1,25%, c’est-à-dire le même que depuis mars 2020. Pourtant, ce n’est que le calme avant la tempête, car tout le monde sait qu’il va augmenter.

Les banques s’attendent à ce qu’il passe à 1,5% en mars 2023, la Confédération pense que ce sera en été. Or un quart de point en plus, c’est jusqu’à 3% de plus sur la facture, ou 60 francs par mois pour un loyer à 2000 francs. Au printemps ou en été, c’est un détail; ce que l’on sait, c’est que c’est parti pour durer. Comme le note la «Luzerner Zeitung», la Banque Cantonale de Zurich escompte «cinq hausses ces cinq prochaines années». Les loyers actuels pourraient donc prendre 15% d’ici à 2027.

Derniers servis les plus mal lotis…

Certains locataires seront rassurés, d’autres non. Car la règle est bien établie: votre propriétaire ne peut augmenter le loyer que si le nouveau taux de référence est plus élevé que celui qui avait cours quand votre loyer actuel a été établi. En clair, ce sera une mauvaise nouvelle pour toutes les personnes qui, par exemple, ont emménagé après mars 2020. Comme le taux est stable depuis, toute hausse de celui-ci pourra être répercutée par le propriétaire sur la facture.

… mais heureux ceux qui sont là depuis un bail

Pour ceux qui ont un bail depuis avant 2020, tout dépendra de ce qui s’est passé au cas par cas. Comme le taux avait plusieurs fois baissé dans les années précédentes, tous les locataires qui n’avaient pas demandé ou obtenu la baisse de loyer correspondante devraient passer entre les gouttes… au moins jusqu’à ce que le taux remonte au niveau où il était au moment de la signature.

Et à partir de là, chaque hausse vous fera mettre la main au porte-monnaie comme les autres. En chiffres: si vous avez signé votre bail en 2018, quand le taux était de 1,5% et que votre loyer n’a pas changé depuis, vous êtes tranquilles pour la hausse attendue en 2023, qui portera le taux à 1,5%. Et si vous êtes installés depuis 2008, quand le taux était de 3,5%, vous avez le temps de voir venir.

«Les limites du supportable sont atteintes»

En plus des hausses de loyer pour les locataires déjà installés, il y a aussi celles qui concernent les nouveaux contrats. Quiconque cherche un appartement sait que les prix deviennent délirants. «Depuis 2005, les loyers ont augmenté de plus de 22% alors que le renchérissement général est resté inférieur à 7%», constate l’Asloca. Ajouté à cela les hausses (gaz, électricité) et la raréfaction des logements disponibles, l’association s’attend à des temps difficiles. «Nous craignons qu’il y ait des résiliations de bail l’année prochaine car certains ménages, sans en être responsables, ne seront plus en mesure de payer leur loyer», écrit le conseiller aux États Carlo Sommaruga (PS/GE), président de l’Asloca.

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