Royaume-UniBoris Johnson marque le centenaire controversé de l’Irlande du Nord
Le Premier ministre britannique a suivi une cérémonie marquée par l’absence du président irlandais et de la reine Elizabeth II.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a assisté jeudi, aux côtés de dirigeants nord-irlandais et irlandais, à une cérémonie religieuse controversée marquant le centenaire de la création de la province britannique d’Irlande du Nord. Environ 150 personnes ont participé à cette cérémonie, organisée en la cathédrale anglicane d’Armagh (sud de l’Irlande du Nord), dont le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, et le Premier ministre nord-irlandais, Paul Givan.
En revanche, le président irlandais, Michael Higgins, a décliné l’invitation, ne l’estimant pas politiquement neutre, de même que le parti nationaliste républicain Sinn Fein, qui participe au gouvernement de coalition local. Prévue, la reine Elizabeth II a renoncé à venir, mise au repos, mercredi, par ses médecins.
«Notre passé nous a façonnés et meurtris, il nous a divisés. Et pourtant, il nous a aussi parfois rassemblés», a déclaré le doyen d’Armagh, le révérend Shane Forster. Il a appelé à s’engager «d’une voix unie» en faveur du «bien commun», «dans le respect mutuel et avec l’espoir partagé d’un avenir lumineux, prospère et pacifique».
Désunion sanglante
Depuis que la République d’Irlande s’est affranchie de la domination britannique, le 3 mai 1921, l’existence de l’Irlande du Nord, créée au même moment et rattachée à la Grande-Bretagne, afin de former le Royaume-Uni, s’est retrouvée au centre d’un bras de fer parfois sanglant.
Les unionistes, défenseurs de l’appartenance au Royaume-Uni, surtout protestants, et les républicains, favorables à une réunification avec l’Irlande, en grande partie catholiques, se déchirent depuis des décennies sur le statut du territoire. Près de 3500 personnes sont mortes dans des violences qui ont cessé en 1998, avec la conclusion d’un accord de paix. Les républicains, qui ne reconnaissent pas la couronne britannique, ne célèbrent pas l’anniversaire.
«Une grave erreur»
Plus tôt en octobre, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, avait estimé que participer à la cérémonie était «la bonne chose à faire», tout en soulignant que «la partition» de l’Irlande «était une grave erreur», qui a entraîné «des divisions extraordinaires». Cette cérémonie n’est «certainement pas une célébration», avait-t-il ajouté à la télévision irlandaise RTE. Elle permet «de réfléchir à la souffrance et à la division des cent dernières années, avec la volonté de regarder devant soi avec plus d’optimisme».
Les tensions communautaires dans la province, ainsi que les relations entre l’Irlande et le Royaume-Uni ont aussi été secouées, ces dernières années, par le délicat dossier du Brexit, Londres et les unionistes contestant les dispositions douanières spécifiques à la province britannique, mises en place dans le cadre du divorce.