SoudanLe Premier ministre réclame le retour de son gouvernement
Le Premier ministre Abdallah Hamdok a réclamé la libération des dirigeants civils, introuvables depuis le coup d’État du 25 octobre au Soudan.
Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, en résidence surveillée depuis le coup d’État du 25 octobre, a estimé dimanche que «la voie vers une sortie de crise» passait par le retour de son cabinet déposé.
Selon un communiqué du ministère de l’Information, Abdallah Hamdok --lors d’une rencontre avec les ambassadeurs américain, britannique et norvégien membres de la «Troïka» à la manœuvre au Soudan--, a également réclamé la libération des dirigeants civils.
Ces derniers sont toujours introuvables depuis leur arrestation, a indiqué leur avocat Kamal al-Jizouli à l’AFP, réclamant que «soit rendu public le lieu où ministres et politiciens sont détenus». «Il faut revenir à la situation telle qu’elle était le 24 octobre», est-il indiqué dans le communiqué du ministère, soit la veille du putsch.
Un pays à l’arrêt
Le pays, englué dans le marasme politique et économique depuis des décennies, est désormais à l’arrêt entre militaires intransigeants et manifestants anti-putsch en «désobéissance civile» depuis le coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhane qui a dissous toutes les institutions. Le ministère a ajouté que l’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique reviendra mardi à Khartoum.
Retenu un temps chez le général Burhane avant d’être finalement ramené chez lui, où il est sous «surveillance étroite», Abdallah Hamdok s’exprime depuis lundi dernier via des communiqués qui sont publiés sur la page Facebook du ministère de l’Information entré en dissidence.
Il a rencontré des diplomates, s’est entretenu au téléphone avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, mais n’a jusqu’ici pas été autorisé à recevoir ses rares ministres qui n’ont pas été arrêtés. L’ancien économiste onusien, qui incarnait le visage civil de la difficile transition du Soudan vers la démocratie après trente années de dictature d’Omar el-Béchir, a été arrêté «parce qu’il refusait de soutenir le coup d’État», selon le ministère.
Gouvernement «sous une semaine»
Depuis, le général Burhane a affirmé qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’Abdallah Hamdok conserve son poste et promis un gouvernement «sous une semaine», selon un entretien à la presse russe publié lundi, l’un des rares pays à ne pas avoir condamné son coup de force.
Mais Mariam Sadeq al-Mahdi, ministre soudanaise des Affaires étrangères toujours en liberté, avait affirmé samedi à l’AFP que ni elle ni le Premier ministre n’accepteront de «participer à cet acte grotesque, cette trahison menée par les putschistes». Selon Volker Perthes, l’émissaire de l’ONU à Khartoum, des efforts de «médiations» au Soudan et à l’étranger sont en cours pour une possible sortie de crise.
«Beaucoup de nos interlocuteurs à Khartoum, mais aussi aux niveaux international et régional, expriment fortement le souhait que nous avancions rapidement pour sortir de la crise et revenir à une situation normale», a indiqué Volker Perthes depuis Khartoum lors d’une visioconférence destinée à la presse aux Nations Unies, à New York. L’émissaire de l’ONU au Soudan avait rencontré dimanche le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, et avait rapporté dans un tweet «avoir discuté d’options pour une médiation et de l’avenir du Soudan».