Gaston Lagaffe va renaître, mais sous condition

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BDGaston Lagaffe va renaître, mais sous condition

Le litige entre l’éditeur Dupuis et la fille du dessinateur André Franquin a été tranché. Elle aura un droit de regard.

Le projet de couverture de la reprise de Gaston Lagaffe par Delaf.

Le projet de couverture de la reprise de Gaston Lagaffe par Delaf.

Dupuis/Delaf

L’éditeur Dupuis peut faire renaître Gaston Lagaffe mais à condition de consulter la fille du dessinateur Franquin, autorisée à émettre des objections sur un tel projet, a tranché mardi un arbitrage privé sollicité par les deux parties dans ce litige juridique.

«Le principe d’une résurrection de Gaston est licite mais Dupuis et Dargaud-Lombard n’ont pas respecté le processus contractuel d’approbation et Isabelle Franquin a toujours le droit de faire valoir ses observations», ont indiqué mardi soir les avocats de Mme Franquin en annonçant la décision.

En mars 2022, au Festival d’Angoulême (France), Dupuis avait créé l’événement dans le monde de la BD franco-belge en annonçant la sortie prochaine d’un nouvel épisode des aventures de Lagaffe, un nouvel album intitulé «Le Retour de Lagaffe», sous le crayon du dessinateur canadien Marc Delafontaine (alias Delaf).

Mais c’était sans compter la pugnacité d’Isabelle Franquin, fille et unique ayant droit du dessinateur André Franquin, décédé en 1997. Refusant que le personnage star de son père revive sous les traits d’un autre dessinateur, cette dernière a saisi la justice en Belgique.

Avocat choisi par les deux parties

Elle a d’abord obtenu, dans le cadre d’une action en référé il y a un an, la suspension de la parution du «Retour», initialement prévue en octobre 2022.

De fait Dupuis s’est engagé à ne pas publier de nouvel album avant au plus tôt 2023, le temps que le litige soit tranché sur le fond par un arbitrage privé, en l’occurrence un avocat bruxellois choisi par les deux parties.

Les éditions Dupuis estiment être propriétaires des droits patrimoniaux sur les personnages de Franquin, via le rachat en 2013 de la société Marsu Productions avec laquelle le créateur de Lagaffe avait conclu un accord de cession en 1992.

De son côté Isabelle Franquin a fait valoir que son père lui-même «ne voulait en aucun cas que Gaston Lagaffe soit repris par un autre dessinateur après sa mort». C’est «un droit moral inaliénable» qu’elle peut exercer, avait insisté en mai 2022 son avocate Martine Berwette.

«Accord indispensable»

En définitive, l’arbitrage, une procédure qui n’est pas susceptible d’appel, conclut que Lagaffe peur renaître «à condition de solliciter l’approbation préalable d’Isabelle Franquin selon les formes prévues dans un contrat conclu entre parties en 2016».

«Le projet de Gaston par Delaf n’a pas été approuvé par Isabelle Franquin» et «le droit moral» qu’exerce cette dernière «ressort intact», est-il stipulé.

«Son accord est indispensable pour toute nouvelle création, en ce compris sur le choix de l’auteur», insiste l’arbitre d’après le communiqué, qui précise que «tout refus de sa part doit être justifié par des motifs éthiques ou artistiques».

(AFP)

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