Session – Ueli Maurer inquiet de la gestion insouciante de la dette

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Session«Ce qui m’inquiète, c’est l’insouciance avec laquelle on gère la dette»

Le Conseil des États a approuvé le budget de la Confédération qui accusera une dette de 25 milliards de francs fin 2022. Ce qui donne des sueurs froides à Ueli Maurer.

Christine Talos
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Christine Talos
Le grand argentier de la Confédération Ueli Maurer s’inquiète de la dette qui grossit en raison du Covid.

Le grand argentier de la Confédération Ueli Maurer s’inquiète de la dette qui grossit en raison du Covid.

Sabina Bobst/Tamedia

Le Conseil des États a parlé gros sous ce mardi à Berne. Il a accepté le budget de la Confédération qui prévoit 78,642 milliards de francs de recettes et 80,725 milliards de dépenses. Le déficit se monte à 2,1 milliards de francs.

Le grand argentier Ueli Maurer a souligné que la dette s’était creusée en raison de la crise du Covid. Le déficit de financement s’élevait à 10 milliards de francs en 2020, a-t-il indiqué. «D’après nos estimations actuelles, environ 12 milliards de francs viendront s’ajouter cette année. Cela signifie qu’à la fin de l’année, nous aurons une dette d’environ 22 milliards de francs», a-t-il calculé. «Pour 2022, nous avons encore budgétisé des dépenses extraordinaires, de sorte que la dette à éponger à la fin de l’année 2022 s’élèvera à 25 milliards de francs», a ajouté le ministre des Finances.

Et de préciser: «et cela en supposant que cette pandémie s’atténue enfin et que nous ayons une stratégie de sortie et que nous en sortions vraiment. Mais j’ai des doutes, car avec la loi Covid qui est à nouveau en discussion, la tentation est grande d’engager des dépenses extraordinaires supplémentaires». À cela s’ajoute la situation actuelle, qui est difficile à évaluer, a encore précisé Ueli Maurer.

«Ce qui m’inquiète, c’est l’insouciance avec laquelle on gère cette dette»

Le ministre zurichois a annoncé que le Conseil fédéral allait proposer au début de l’année prochaine un message sur la réduction de la dette. «Comment ces 25 milliards peuvent-ils et doivent-ils être réduits», a-t-il interrogé. «Ce qui m’inquiète, c’est l’insouciance avec laquelle on gère cette dette de 25 milliards», a lancé le grand argentier. On a l’impression que tout est payé et que nous avons retrouvé un fonctionnement normal. Ce n’est pas du tout le cas», a-t-il déploré. Selon lui, ces 25 milliards de francs de dettes supplémentaires en un peu plus de deux ans, correspondent à une augmentation de près de 30%.

«Nous n’avons été en mesure de réagir rapidement et efficacement que parce que notre situation financière est bonne. Nous devons en effet toujours partir du principe qu’une telle situation peut se reproduire, et nous avons alors besoin d’une élasticité financière pour pouvoir à nouveau réagir», a-t-il plaidé. Le quotidien n’est pas près de revenir. «Nous ressentirons la crise du Covid dans les finances pendant encore 10 à 12 ans, a-t-il estimé. «Nous n’aurons guère de marge de manœuvre pour de nouvelles tâches, et nous devons en être conscients», a-t-il ajouté en appelant les sénateurs à faire preuve de discipline.

Ces perspectives financières peu réjouissantes n’ont pas empêché les sénateurs de proposer quelques augmentations. Ils ont notamment accordé une rallonge de 233 millions de francs au fonds d’infrastructure ferroviaire. Ils ont aussi tacitement alloué des moyens supplémentaires à l’agriculture: 7 millions pour l’aide à la production végétale (betterave) et 8 millions pour l’économie laitière. Ils ont augmenté de 5,6 millions l’enveloppe visant à soutenir la transition vers la neutralité carbone. L’Office fédéral du sport devrait lui recevoir 660’000 francs pour permettre la création dès 2022 d’un service indépendant d’aide et de signalement des abus dans le sport.

Le Conseil des États a en revanche lancé un coup de semonce à l’Administration fédérale en réduisant de 21 millions les charges de personnel, qui progressent trop vite. Ce qui correspond à 120 postes en moins.

Le dossier passe au National mercredi. En plus du budget 2022, les députés devront se pencher sur la proposition de leur commission de politique extérieure qui souhaite doubler le milliard de cohésion à l’UE à condition que Bruxelles réintègre pleinement la Suisse dans les programmes européens de recherche et d’échanges d’étudiants. Mais la Commission des finances a déjà refusé cette proposition.

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