MotocyclismePouvoir, réveille-toi, ils sont devenus fous!
La tension ne cesse d’augmenter dans un paddock qui, en plus de la pression inhérente à la course, doit vivre avec une situation économique de plus en plus compliquée. En Aragón, deux mécaniciens ont «pété les plombs».
- par
- Jean-Claude Schertenleib Alcaniz (Aragon)
Les images ont déjà fait le tour du monde et ce n’est pas fini. Samedi, dans les dernières minutes forcément décisives de la seconde phase des qualifications Moto3, deux membres du team «Sterilgarda Husqvarna Max Biaggi» ont retenu la moto d’Adrián Fernández (Red Bull KTM Tech3) alors que le jeune Espagnol voulait s’élancer derrière un des pilotes de Max pour profiter de son aspiration sur la longue ligne droite du circuit d’Aragón. L’un d’eux a même touché le levier de freins avant de la KTM, avant d’être éjecté manu militari par un technicien du team Tech3.
Patron de l’équipe française, Hervé Poncharal, 40 ans de paddock, n’en revient pas: «Je n’avais jamais vu cela de toute ma vie. Et pourtant, j’en ai vu...» Max Biaggi, le manager du team Husqvarna, s’est rapidement excusé de cet acte antisportif et a promis des sanctions internes sérieuses. Dans la soirée, on apprenait que les commissaires avaient condamné les deux aigrefins à une amende de 2000 Euros; les deux hommes seront d’autre part suspendus pour les GP d’Australie et de Malaisie.
Pourquoi pas pour les deux courses à venir ces deux prochains week-ends, au Japon puis en Thaïlande? Tout simplement parce qu’en raison des restrictions concernant aussi bien les voyages que l’immigration (Covid), il était impossible à l’équipe de Max Biaggi de remplacer les deux coupables.
Des gens ordinaires
Comment expliquer un tel comportement? «L’un des coupables a longtemps travaillé dans mon équipe, un garçon très calme. Jamais je n’aurais imaginé cela de sa part», explique Alain Bronec, le patron du team CIP. Y a-t-il un rapport entre le fait que le lésé – Adrián Fernández – roulait l’an dernier pour l’équipe coupable et qu’il en était parti en n’économisant pas ses critiques?
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que depuis plusieurs mois, il y a une guerre administrative interne dans l’équipe Husqvarna, née d’une alliance entre l’ancien team de l’Allemand Peter Öttl (qui faisait alors rouler son fils Phllip, désormais en Superbike) et la star italienne. Les deux partenaires sont en plein divorce et le moment est venu de partager les biens communs. Aux dernières nouvelles, c’est Peter Öttl qui devrait quitter le domicile conjugal avec le plus grand nombre de fourchettes. Comprenez par-là, avec deux places dans le peloton Moto3 2023...
Sur des charbons ardents
Cette triste affaire reflète malheureusement l’état d’esprit de plus en plus tendu des acteurs, qu’ils soient pilotes, techniciens et/ou chefs de team. «Je n’ai pas encore fait tous les comptes, mais la hausse des coûts des voyages, qu’il s’agisse des billets d’avion, des voitures de location et du carburant, correspond à une augmentation des charges de 30% pour notre équipe. Et voilà qu’on nous rajoute un GP l’an prochain», soupire ainsi un team-manager. Corollaire, aussi bien en Moto2 qu’en Moto3, les places deviennent toujours plus chères, un phénomène qui ne peut qu’augmenter encore la tension de tous.
Le Kazakhstan en 2023?
Ce n’est pas encore le calendrier officiel, mais les teams ont reçu samedi soir une version provisoire de ce qui les attend l’an prochain. Au programme: 21 courses (20 cette année, après l’annulation du GP de Finlande) et l’arrivée d’un GP sur le circuit de Sokol (Kazahstan) au milieu de l’année (à confirmer). On savait déjà que le championnat 2023 commencerait au Portugal (Portimão, le 26 mars), il se poursuivra en Argentine et aux États-Unis.
La traditionnelle saison européenne commencera à Jerez de la Frontera (30 avril) et se poursuivra au Mans (14 mai). Surprise, le GP d’Aragón est déplacé en première moitié de calendrier (28 mai), alors que le GP de Catalogne se déroulera à l’automne (3 septembre). Un automne qui aura sa traditionnelle (et coûteuse) tournée outre-Mer (Malaisie, Japon, Australie, Thaïlande, Indonésie), le GP du Qatar – des travaux importants seront menés dans les installations du circuit de Losail dès cet hiver – sera l’avant-dernière manche du championnat (12 novembre), une semaine avant la finale de Valencia.
Horaire 2023, ça se précise
On sait depuis le GP d’Autriche que, dès l’an prochain, il y aura deux courses MotoGP au programme de chaque GP, une course «sprint» le samedi et le GP normal le dimanche. Le vendredi, les deux séances actuelles d’essais «libres» pour chaque catégorie deviendront deux séances d’essais; au terme de celles-ci, les 10 premiers (en MotoGP) et les 14 meilleurs (Moto2, Moto3) auront leur billet pour la phase décisive des qualifications, les autres devant passer par Q1 le samedi. Essais libres pour chaque catégorie samedi matin, avant les deux phases qualificatives MotoGP.
La pause de midi permettra de placer les éventuelles courses annexes (MotoE, rookies Cup). L’après-midi, les qualifications pour la Moto3 et la Moto2, avant la course sprint MotoGP, chaque samedi à 15 heures. Le dimanche, enfin, pas de warm-up pour les deux petites catégories, une séance de 10 minutes en MotoGP avant 30 minutes de «show» avec les pilotes de la catégorie-reine. Horaire fixe pour les courses: Moto3, à 11 heures, Moto2 à 12 h 15 et MotoGP à 14 heures.