FootballCommentaire: CC et Super Mario étaient faits pour s’entendre
Avec Balotelli, le FC Sion va changer de dimension. Son arrivée doit beaucoup au sens de persuasion de Christian Constantin, trouvant les mots pour réussir un des plus gros coups du football suisse.
- par
- Nicolas Jacquier
Mario Balotelli a joué dans les plus grands clubs du monde (Inter, Manchester City, Milan AC, Liverpool, Marseille, etc.); le voici qui s’apprête à découvrir le charme discret de la «modeste» Super League sous la tunique du FC Sion. Et plutôt que de s’étonner de ses nouvelles conditions d’entraînement, loin de correspondre à son standing, avec des terrains coincés à Riddes entre une enseigne Hornbach et bientôt Ikea, gageons au contraire qu’il s’en réjouisse, coïncidant avec un retour à une normalité aussi bienfaisante que dépaysante.
À l’échelle de notre championnat, son recrutement représente bien sûr un événement retentissant dont on peine à mesurer la portée tant celle-ci nous dépasse. Il faut bien saisir qui est Balotelli et ce qu’il représente pour comprendre l’ampleur d’un tel transfert, et ce qu’il va changer dans la vie quotidienne du club valaisan.
Sans nullement être européen, Sion va être projeté dans une nouvelle dimension et trouver instantanément place sur la carte du football planétaire. Un formidable coup de projecteur qui rejaillira sur l’ensemble du football suisse.
Joueur hors norme
Car Tourbillon n’accueille pas un footballeur, mais un joueur hors norme, une mégastar comme notre championnat n’en avait plus connu depuis le passage de Gennaro Gattuso en Valais lors de la saison 2012-2013. Tiens, déjà un coup de CC, à l’époque.
On sait tout des frasques répétées de Super Mario, dont les extravagances remplissent les gazettes et font le bonheur des réseaux sociaux. Au-delà de la caricature, c’est oublier l’attaquant virtuose qu’il sait être, sa nature profonde et son extraordinaire potentiel qui aurait déjà mérité un Ballon d’or sans les écarts de conduite du bonhomme, reléguant trop souvent ses exploits balles au pied au second rang.
Balotelli après Gattuso, Christian Constantin a signé là un nouveau coup comme lui seul sait les réaliser. Sans doute le plus gros de sa carrière. N’hésitant pas à s’emparer d’un dossier que Young Boys, Bâle, Zurich ou Servette n’aurait jamais osé ouvrir. Parce qu’il aime ça, le show et les paillettes, sachant se moquer de lui-même comme en témoignent ses pitreries lors de chaque gala du FC Sion. À croire qu’entre showmen, on est fait pour s’entendre.
Entre coups de poker et de bluff, le boss de la Porte d’Octodure sait comme personne faire résonner la corde sensible. Constantin a certes de l’argent, beaucoup d’argent, sans lequel rien n’aurait été possible. Mais il a surtout la passion des émotions qui (le) vont vibrer, avancer et vivre. Avant de passer la main dans deux, trois ou cinq ans sans doute a-t-il voulu s’offrir un dernier tour de manège, quitte à casser une partie de sa tirelire avant d’obtenir un probable retour sur investissement.
Entretenir nos rêves
On peut se gausser de sa direction d’acteurs, de son empressement à faire parler le Toto-Mat (quand bien même le rythme s’est ralenti), ce que ne manquent pas de faire ses détracteurs. Mais là où tant d’autres dirigeants ne font que passer, on préfère retenir sa manière d’entretenir nos rêves au moment où le caissier de Tourbillon doit se frotter les mains. Or qui peut faire rêver sinon une star planétaire de la trempe de Balotelli?
On connaît la vrombissante passion de CC pour les bolides au cheval cabré. Le voici qui s’est doté, ce mercredi, d’une deuxième Ferrari, son équipe, transfigurée par l’arrivée de Super Mario, rejoignant Cyprien avec lequel il composait une paire gagnante à Nice avec Lucien Favre. Avec un tel moteur, le FC Sion ne pourra plus se contenter de jouer les seconds rôles.
Le ballon est désormais dans les pieds du sulfureux Balotelli. Que voudra-t-il en faire?