Mort de Milan KunderaLa littérature mondiale perd l’une de ses plus grandes voix
Le Franco-Tchèque, à qui l’on doit notamment «La Plaisanterie» et «L’Insoutenable légèreté de l’être», est décédé mardi à l’âge de 94 ans.
L’écrivain franco-tchèque Milan Kundera, l’une des plus grandes voix de la littérature mondiale, est mort mardi après-midi à 94 ans à Paris, a annoncé mercredi Gallimard. L’auteur de «La Plaisanterie» (1965) et «l’Insoutenable légèreté de l’être» (1984) «est décédé dans l’après-midi du mardi 11 juillet 2023», a précisé l’éditeur dans un communiqué.
«Malheureusement, je peux vous confirmer que M. Milan Kundera est décédé (...) à la suite d’une longue maladie», a précisé Anna Mrazova, la porte-parole de la Milan Kundera Library, dans sa ville natale de Brno. «Immense tristesse. Milan Kundera avait choisi la France pour ne jamais cesser d’être libre. Au fil des pages, il nous aidait à découvrir qui l’on est, à trouver un chemin dans l’absurdité du monde. Avec lui, une des plus grandes voix de la littérature européenne s’éteint», a réagi la ministre française de la Culture Rima Abdul Malak.
Peintre sarcastique de la condition humaine, Kundera était l’un des rares auteurs à être entré de son vivant dans les prestigieuses éditions de La Pléiade (en 2011). Né tchèque le 1er avril 1929 mais français depuis 1981, ce défenseur de la liberté qui a connu le communisme était destiné, comme ses parents, à une carrière de musicien. Milan Kundera fut d’abord un romancier mélomane. Ses premiers textes, des poèmes rédigés en tchèque, sont composés comme des sonates.
Kundera était l’un des romanciers de langue française les plus influents au monde. Lorsqu’il était encore tchèque, Milan Kundera a publié deux romans, «La Plaisanterie» (1965) et «Risibles amours» (1968). Ces textes dressaient un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, avait permis l’arrivée au pouvoir des communistes.
Il choisit d’écrire en français
Mis à l’index dans son pays après le Printemps de Prague, Kundera s’exile en 1975 en France avec son épouse Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque. Naturalisé français, il choisira dès lors d’écrire dans cette langue, pour marquer sa rupture avec un pays natal qui l’a déchu de sa nationalité en 1979, puis la lui a rendue en 2019.
En France, il publie «La Valse aux adieux», «Le Livre du rire et de l’oubli»... En 1984, paraît ce que d’aucuns considèrent comme son chef-d’oeuvre, «L’Insoutenable légèreté de l’être». Un formidable roman d’amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte, dont le sujet n’est rien moins que la condition humaine. Le livre sera adapté ensuite au cinéma, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.
S’abstenant de s’exprimer dans les médias, souhaitant qu’on parle de son oeuvre et de rien d’autre, Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec sa femme Vera. Il avait été plusieurs fois victime de macabres canulars sur les réseaux sociaux, où sa mort a été annoncée avant l’heure. Il était régulièrement pressenti pour le Nobel de littérature, qu’il n’a jamais décroché.
Développement suit.