DanemarkPremière ministre blâmée après la mort de 15 millions de visons
En novembre 2020, par crainte de mutations du Covid-19, la Première ministre danoise avait demandé l’abattage de 15 millions de visons. Mardi, le Parlement l’a rappelée à l’ordre.
La Première ministre danoise a reçu, mardi, un simple blâme de sa majorité au Parlement pour avoir illégalement ordonné un abattage massif de 15 millions de visons pour éviter des mutations du Covid-19, quand l’opposition réclame des poursuites plus poussées.
Les partis de gauche ont officiellement infligé le blâme – une sanction symbolique sans conséquence formelle – mardi à l’issue d’une réunion de la commission d’enquête du Parlement, a annoncé le président du groupe social-démocrate Rasmus Stoklund. Ils ont par la même occasion décidé de ne pas intenter d’action en justice contre la Première ministre sociale-démocrate.
Cette menace, qui planait sur Mette Frederiksen depuis la publication jeudi dernier d’un rapport d’enquête de la commission spéciale chargée d’analyser la crise des visons de novembre 2020, est donc écartée dans l’immédiat.
Démission
Le Danemark a une cour spéciale chargée de juger les membres du gouvernement pour des actions commises durant leurs fonctions. Le parti de droite libérale Venstre, qui avec les autres partis de droite n’a pas soutenu le blâme, réclame que des juristes soient saisis pour se prononcer sur le fond du dossier et l’opportunité d’éventuelles poursuites.
Le parti compte nommer ces experts s’il remporte les prochaines élections, prévues d’ici 2023, a-t-il fait savoir mardi. L’ancien ministre de l’Agriculture Mogens Jensen, contraint de démissionner lorsque le scandale a éclaté en novembre 2020, a également reçu un blâme de la majorité parlementaire.
Dans un rapport de plus de 2000 pages rendu public jeudi dernier, la commission chargée d’enquêter sur la crise des visons avait conclu que la cheffe de l’exécutif avait «objectivement» fait des déclarations «gravement trompeuses» au moment d’annoncer l’abattage des visons. La commission, dont le rapport avait été commandé par le Parlement, avait cependant admis que Mette Frederiksen n’avait à l’époque «ni la connaissance ni la perspective» pour en juger.
Pas de base légale
Craignant une mutation du Covid-19 risquant selon de premières évaluations de se transmettre à l’homme, la Première ministre avait ordonné l’abattage de 15 millions de visons en novembre 2020. Mais il était apparu peu après que la décision n’avait pas de base légale, suscitant un important scandale et de vives critiques des éleveurs et de l’opposition.
Le Danemark était avant cette élimination de masse le premier exportateur mondial de peaux de visons, destinées au marché du luxe et des fourrures.