FootballDe Berne à Venise, Jean-Pierre Nsame raconte tout
Le meilleur buteur des deux dernières saisons de Super League, avec YB, est en Italie depuis cet hiver. Interview.
- par
- Daniel Visentini
Venise, son histoire, ses gondoles, la carte postale pour de vrai. Un voyage à Rome, dans la Ville éternelle, lundi, pour y affronter la Lazio. Forcément, sur le plan du prestige historique, même si la Suisse est belle, il n’y a pas photo. Sur le plan du football, non plus: depuis le 31 janvier, Jean-Pierre Nsame est donc en Série A, à Venise. Meilleur buteur avec Young Boys lors des deux dernières saisons, le Camerounais raconte ce passage de Berne à la Cité des Doges et tout ce qu’il a découvert en Italie.
Jean-Pierre, on parle d’abord de votre situation contractuelle: YB vous a prolongé d’une saison, jusqu’en 2024, avant de vous prêter à Venise jusqu’en juin. Comment, pourquoi?
Plusieurs clubs s’intéressaient à moi. En Italie, il y avait Venise, bien sûr. Mais aussi la Salernitana, la Genoa, Cagliari, la Sampdoria. Je revenais de blessure (ndlr: rupture du tendon d’Achille le 15 mai 2021), je voulais que les choses soient claires, que le club qui me prendrait soit conscient qu’il me faudrait un peu de temps pour redevenir le Nsame d’avant, ce dont je ne doute pas. On a parlé de tout cela avec Christoph Spycher (ndlr: le directeur sportif de YB). C’était le bon moment pour moi, à mon âge (28 ans), de par le fait que YB ne jouait plus la Coupe ou la Ligue des champions. Venise a bien compris ma situation personnelle, le besoin de temps pour retrouver la forme. Et ça s’est fait.
Mais sous la forme d’un prêt jusqu’en juin 2022 seulement? Existe-t-il un arrangement pour la suite entre les deux clubs? Expliquez-nous?
Avant de partir d’YB, Spycher et moi avons décidé de prolonger le contrat, qui courrait jusqu’en 2023, d’un an, soit jusqu’en 2024. Une marque de confiance réciproque. Ensuite, il y a eu l’arrangement avec Venise. Le prêt jusqu’en juin. Et pour la suite, le club italien a une option d’achat, avec un prix déjà fixé. Mais elle n’est pas unilatérale. Il faut que je sois d’accord.
Sinon?
Sinon, je retourne à YB. On verra comment tout se passera pour moi à Venise d’ici-là. Mais il y a aussi la possibilité que je parte ailleurs. Tout est ouvert en fait, en l’état.
Qu’avez-vous découvert à Venise depuis quelques semaines?
Un club qui est en reconstruction, avec un beau projet. Il y a une énergie qui me fait penser à ce que j’ai trouvé en arrivant au Servette FC en 2016, cette forme d’énergie. Pour le reste, par rapport à la Suisse, c’est différent. En termes de moyens, d’intensité, de qualité technique moyenne, c’est le niveau au-dessus. À l’entraînement, l’aspect tactique est poussé, on peut passer 25 minutes à faire de la pure mise en place tactique. Le tout suivi d’un match avec un gros rythme. Je suis un bosseur, ça me plaît.
Le staff qui encadre l’équipe est souvent impressionnant en Italie. Vrai?
Oh oui! Il y a plusieurs kinésithérapeutes à disposition, en permanence, après les entraînements. Il y a également deux docteurs présents. Tout est fait pour une prise en charge personnalisée des joueurs, c’est appréciable. Ce ne sont pas les mêmes moyens.
Jusque-là, vous n’avez disputé que des fins de matches, cinq, pour 63 minutes de jeu. Pas de but marqué: tout va bien?
Oui, tout va bien. C’est ce que je disais avant: Venise était conscient dès le début qu’il faudrait un peu de patience pour que je retrouve la plénitude de mes moyens. Ce qui se passe pour moi maintenant, ces entrées en jeu à la fin des rencontres, correspond au plan qui a été fixé, tout est programmé. Je me sens très bien physiquement, après des débuts intenses à mon arrivée ici. Tout va bien, oui. Très bien. C’est vrai, je n’ai pas encore marqué. Mais je ne suis absolument pas inquiet: je sais que cela arrivera bientôt.
Vous avez vu que David Wagner a été remercié par YB il y a quelques jours seulement: surpris?
J’ai appris cela en rentrant de l’entraînement. Au début, je n’y ai pas cru, parce que ce n’est pas le style de YB. Alors oui, surpris dans un premier temps. Après, cela fait partie du foot. Arriver à la tête de l’équipe après quatre titres consécutifs, face à une concurrence qui travaille pour te poser des problèmes, c’est une pression. Il y a aussi plusieurs blessures. Mais voilà, c’est le foot, oui.
C’est Matteo Vanetta qui assure l’intérim: YB est entre de bonnes mains?
Oui. Je lui ai aussitôt envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance. Matteo, c’est quelqu’un qui a toutes les compétences pour relancer YB. Il a des idées de jeu très claires, il sait ce qu’il veut faire. Il sait très bien discuter avec les joueurs pour leur transmettre des idées. Il pourrait être une solution pour le plus long terme, qui sait?
On retrouve bientôt un Jean-Pierre buteur en Série A, lundi soir à Rome contre la Lazio?
Vous l’avez vu, vous savez combien je bosse à l’entraînement pour être à mon meilleur niveau. Cela n’a pas changé. Il ne me manque pas grand-chose pour retrouver tous mes moyens. Après, on verra…