BalkansBruxelles met en garde contre toute déstabilisation de la Bosnie
Le pays des Balkans est composé d’une république serbe et d’une fédération croato-musulmane. L’Union européenne s’inquiète de velléités de séparation de la première.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a mis en garde, mercredi, contre toute déstabilisation de la Bosnie, pays des Balkans visé ces derniers temps par les menaces sécessionnistes du dirigeant serbe bosnien Milorad Dodik, un proche de Moscou.
Au troisième jour de sa tournée dans les Balkans, le dirigeant européen a visité une base des forces européennes (Eufor), près de Sarajevo, dont les effectifs viennent d’être quasiment doublés pour renforcer la sécurité du pays, divisé selon des lignes de fracture ethniques depuis le conflit des années 1990 et où la paix reste fragile.
«Nous avons renforcé notre capacité à réagir rapidement en cas de crise. Nous continuerons à dissuader ceux qui se sentiraient encouragés à entreprendre des actions de déstabilisation» du pays, a déclaré le Catalan devant des unités de soldats alignés dans la base de Butmir, aux côtés de quelques blindés.
«Engagement indéfectible» de l’UE
En évoquant «l’attaque brutale russe contre l’Ukraine», le diplomate a souligné que la présence de l’Eufor en Bosnie était «plus importante que jamais». «En ce moment de tensions, je tiens à rassurer le peuple de Bosnie-Herzégovine avec notre engagement indéfectible à maintenir la sécurité et la stabilité. C’est votre devoir et je vous en remercie», a-t-il lancé aux militaires de la mission Althea. Il a toutefois estimé que la situation était pour l’heure calme dans le pays. «À l’heure actuelle, il n’y a pas de menaces sérieuses contre la sécurité de l’environnement en Bosnie.»
Le jour même du début de l’offensive russe en Ukraine, le 24 février, l’Eufor avait annoncé le déploiement de 500 militaires supplémentaires en Bosnie, s’ajoutant aux 600 personnes déjà sur place. Pour le commandant de l’Eufor en Bosnie, le général autrichien Anton Wessely, cette «décision d’activer ces forces de réserve» est «une mesure prudente, proportionnelle et purement de précaution».
Pas de «projet de sécession»
Depuis la fin de la guerre intercommunautaire, qui a fait près de 100’000 morts entre 1992 et 1995, la Bosnie est divisée en deux entités, la Republika Srpska et une fédération croato-musulmane, unies par un gouvernement central. L’entité serbe a lancé, en décembre, un processus de retrait de trois institutions centrales cruciales – l’armée, la justice et le fisc –, faisant craindre une décomposition du pays, voire un nouveau conflit.
Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, ancien allié des Occidentaux devenu farouchement prorusse, a été frappé, début janvier, par de nouvelles sanctions américaines. Ces derniers jours, il a assuré qu’il n’avait pas de projet de sécession.