France: 9e jour de grèves et manifestations contre une réforme adoptée au forceps

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France9e jour de grèves et manifestations contre une réforme adoptée au forceps

Les Français sont appelés jeudi à se mobiliser contre une réforme des retraites impopulaire, au lendemain d’une allocution du président qui a fait bondir opposition et syndicats.

Manifestation à Paris le 15 mars 2023.

Manifestation à Paris le 15 mars 2023.

AFP

Ulcérés par le passage en force du gouvernement à l’Assemblée nationale pour faire adopter cette réforme, les opposants au projet sont appelés par les syndicats à descendre dans la rue et à faire grève, pour la neuvième fois depuis le 19 janvier.

Lors d’une interview télévisée très attendue mercredi, après des semaines de tensions sociales, Emmanuel Macron a martelé que cette réforme – projet phare de son second quinquennat – devait être appliquée «avant la fin de l’année», assumant son «impopularité». «Cette réforme, ce n’est pas un plaisir, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité», a-t-il assuré, invoquant la défense de «l’intérêt général» face à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.

Depuis le 19 janvier, des centaines de milliers de Français ont manifesté à huit reprises pour dire leur refus de cette réforme, dont la mesure phare, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère.

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Les opposants à cette réforme des retraites la jugent «injuste», notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

Plusieurs actions de blocage contre la réforme, touchant dépôts pétroliers, ports, routes, transport aérien, le secteur gazier et des universités, se sont déroulées mercredi à travers le pays.

Au niveau national, la situation se dégrade légèrement en ce qui concerne le carburant, avec environ 14% des stations-service en pénurie d’au moins un type de carburant contre 12% mardi, et 7,13% à sec, contre 6% mardi. Seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement en France. Les ports de Marseille-Fos (sud) et de Brest (ouest) étaient totalement bloqués mercredi à l’appel du puissant syndicat CGT.

Jeudi, la compagnie nationale ferroviaire SNCF n’est en mesure de faire rouler que la moitié de ses trains à grande vitesse et le tiers de ses trains express régionaux. Le trafic du métro parisien et des trains de banlieue est prévu «très perturbé» . La grève des éboueurs parisiens engagée le 6 mars est reconduite jusqu’à lundi. La direction générale de l’Aviation civile (DGAC) demande pour jeudi aux compagnies aériennes d’annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d’autres aéroports.

«Crise démocratique»

Mercredi, le président Macron a confirmé qu’il n’allait ni dissoudre l’Assemblée nationale, ni remanier le gouvernement, ni convoquer un référendum sur sa réforme décriée. Il ne s’est pas non plus ému des reproches sur son passage en force – l’exécutif a utilisé une disposition constitutionnelle, l’article 49.3, permettant l’adoption d’un texte sans vote – parce qu’il ne disposait pas d’une majorité à l’Assemblée pour voter le texte, exacerbant la colère populaire. Emmanuel Macron a dit mercredi vouloir «réengager» un dialogue avec les partenaires sociaux sur le rapport au travail. Mais «il faut attendre quelques jours, quelques semaines», a-t-il observé.

Réponse immédiate du leader du syndicat réformiste CFDT Laurent Berger: «Ce sont des mots creux, pour l’instant, il y a un gros conflit social, une crise démocratique, une crise sociale. Faut être dingue (…), il y a un délai de décence», a-t-il déclaré à l’AFP.

Depuis le 16 mars, date du recours à l’article 49.3, la contestation en France donne pourtant des signes de radicalisation. Des échanges tendus opposent chaque soir manifestants et policiers, notamment à Paris. Près d’un millier de personnes ont été interpellées. Nombre d’analystes estiment que cette réforme et la contestation qu’elle a entraînée laisseront une trace indélébile sur le second quinquennat d’Emmanuel Macron.

(AFP)

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