Canada: le meurtrier d’une jeune Québécoise en 1975 a été identifié

La résolution de cold cases (affaires froides) grâce à la généalogie judiciaire, de plus en plus fréquente aux États-Unis, a permis également de trouver des réponses dans des crimes commis au Canada. La police a annoncé mardi 23 mai avoir identifié l’assassin d’une jeune fille de 16 ans, un féminicide commis en 1975.

Sharron Prior avait quitté son domicile du sud de Montréal le soir du 29 mars 1975 pour aller rejoindre des amis dans une pizzeria proche. Ils ne l’ont jamais vue arriver. Son corps a été retrouvé quatre jours plus tard à Longueuil, à quelques kilomètres de là, de l’autre côté du Saint-Laurent. L’autopsie a permis de déterminer que la malheureuse avait été violée et battue à mort. Malgré la découverte d’une chemise et de traces de pneus sur les lieux, la police n’a jamais pu identifier le coupable.

Plus de 122 suspects ont fait l’objet d’enquêtes depuis 48 ans et un donateur anonyme avait même offert en 2012 une récompense de 10 000 dollars à qui pourrait aider à trouver le criminel, mais le vrai coupable n’a jamais fait partie des suspects. Jusqu’en juin 2022.

De l’ADN prélevé sur des pièces à conviction a été comparé sur des sites généalogiques. Un lien a été découvert avec une famille de Virginie-Occidentale aux États-Unis, raconte Radio Canada. De l’ADN prélevé sur deux frères de la famille a permis de porter les soupçons sur un troisième, Franklin Maywood Romine. Mais l’homme était mort en 1982, à 36 ans, à l’hôpital de Verdun, à Montréal, de cause inconnue. Son corps avait alors été rapatrié aux États-Unis.

Les enquêteurs ont pu exhumer le cadavre le 2 mai 2023 et comparer son ADN avec celui prélevé sur les lieux du crime. La correspondance est de 100%. La police a également pu déterminer que cet individu était à Montréal au moment du meurtre, qu’il habitait près du lieu de l’enlèvement et qu’il connaissait même le lieu où le corps avait été découvert. Sa voiture de l’époque correspondait aux traces de pneu découvertes près du corps. Et s’il avait pu subsister le moindre doute, il avait un casier judiciaire chargé au Canada et aux États-Unis pour crimes violents et agressions sexuelles. De plus, sa description correspondait à celle faite par une femme de 23 ans qui avait été agressée par un homme au même endroit que Sharron Prior, mais qui avait pu s’échapper.

Le dossier est désormais clos et Yvonne Prior, la maman de Sharron, âgée aujourd’hui de 85 ans, a pu apprendre avec beaucoup d’émotion qui avait tué sa fille, elle qui avait multiplié depuis 48 ans les apparitions publiques pour demander que l’on identifie le coupable. «La résolution du meurtre de Sharron ne la ramènera jamais, mais de savoir que le tueur n’est plus sur Terre aujourd’hui et ne peut plus tuer nous permet en quelque sorte de fermer ce chapitre de nos vies», ont déclaré Moreen et Doreen, les sœurs de Sharron, écrit «Le Courrier du Sud». «Nous serons toujours celles qui étaient assises à regarder par la fenêtre lors de cette fin de semaine de Pâques, espérant te voir revenir à la maison. Tu n’es peut-être jamais revenue, mais tu n’as jamais quitté nos cœurs et tu ne le feras jamais», ont-elles dit au bord des larmes.