Costa ConcordiaDix ans après le drame, Schettino se voit toujours comme une victime
Le commandant du navire qui a fait naufrage le 13 janvier 2012 est devenu un détenu modèle mais reste amer.


Francesco Schettino avait rapidement quitté le navire, laissant son équipage se débrouiller seul. Il était devenu «l’homme le plus détesté d’Italie».
AFPLe 13 janvier 2012, il y a exactement dix ans, l’inimaginable se produisait. Après s’être trop approché des côtes près de l’île du Giglio, au large de la Toscane, le Costa Concordia heurtait un récif. Puis le navire avec plus de 4200 personnes à bord faisait naufrage. Bilan du drame: 32 morts. Qu’est devenu le principal responsable de ce désastre, «l’homme le plus détesté d’Italie», le commandant Francesco Schettino? Toujours emprisonné, il est présenté comme un détenu modèle et pourrait bientôt retrouver une certaine liberté. Mais il reste convaincu d’avoir été un bouc émissaire et d’avoir été trop lourdement sanctionné.
Francesco Schettino avait donné l’ordre de frôler les côtes pour faire une «révérence», pour saluer les habitants. Le commandant avait ensuite été l’un des premiers à quitter le navire, laissant son équipage se débrouiller seul. Sa responsabilité et sa lâcheté lui avaient valu une immense détestation en Italie. Et il n’avait pas redoré son blason, durant le procès, en 2015, minimisant son rôle dans le drame et montrant bien peu d’empathie pour les victimes. Il avait écopé de 16 ans de prison: 10 ans pour homicide involontaire coupable, 5 pour avoir causé le naufrage et 1 an pour l’abandon de ses passagers.
On imagine que «l’homme le plus détesté d’Italie» n’a pas été accueilli les bras ouverts par les autres détenus en prison. Il a pourtant parfaitement réussi à s’intégrer et est même aujourd’hui présenté comme un prisonnier modèle, selon la presse italienne.
Hanté par des cauchemars
Francesco Schettino, aujourd’hui 61 ans, est incarcéré dans la prison de Rebibbia, à Rome. «Il est très sympathique et respectueux des autres détenus», a récemment expliqué l’aumônier de l’établissement à la «Stampa». «Très aimé» des autres prisonniers, l’ancien commandant pratique du sport dès qu’il le peut, contribue au journal de la prison, lit beaucoup et a de nombreux échanges avec les autres détenus. Il dit ne pas oublier les victimes du naufrage et en faire des cauchemars. Il suit d’ailleurs une psychothérapie.
L’Italien, en outre, étudie à la fois le droit et le journalisme. Et ce n’est pas un hasard: avec ces études, il veut comprendre comment il est devenu la cible des médias, a expliqué son avocat. Car dix ans après la tragédie, sa vision des choses n’a manifestement pas bougé d’un iota. Il se voit comme «la victime d’un procès médiatique» et considère qu’il a servi de «bouc émissaire.» «Ils voulaient trouver quelqu’un à blâmer, pas la vérité», maintient-il, selon la «Stampa». C’était exactement la ligne de défense de ses avocats durant le procès, pour qui le naufrage était dû à échec collectif, pas à une défaillance personnelle. Francesco Schettino attend d’ailleurs des nouvelles de Strasbourg: il a demandé une révision de son procès à la Cour européenne des droits de l’homme.
Détenu modèle mais amer, Francesco Schettino peut aujourd’hui espérer retrouver rapidement une certaine liberté. En mai prochain, il aura purgé le tiers de sa peine et pourra alors demander des mesures alternatives à la détention en cellule, par exemple une liberté surveillée, en tout cas partielle.
Francesco Schettino serait toujours marié. Il a une fille.