Armée suisseViola Amherd réclame une enquête externe sur les chars Leopard
La conseillère fédérale a demandé un audit détaillé sur les circonstances de l’achat de chars en 2016, et la signature du contrat entre Ruag et l’entreprise Rheinmetall.
- par
- Christine Talos
Il y aura une enquête externe sur les circonstances de l’achat en 2016 de 96 chars Leopard 1 par l’ancienne entreprise Ruag Holding SA, et la signature du contrat de vente avec l’allemande Rheinmetall, en février dernier. C’est ce qu’a demandé la conseillère fédérale Viola Amherd, cheffe du DDPS, fait savoir lundi le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.
On s’en souvient, Ruag avait acheté ces chars en Italie, où elle les avait ensuite entreposés. Selon l’entreprise, les engins avaient été achetés comme marchandises commerciales et comme engins disponibles pour fournir des pièces de rechange.
Contrat signé en 2023
Début 2023, l’entreprise allemande Rheinmetall avait demandé à Ruag si elle pouvait acheter ces chars «italiens», dans le but clairement affiché de les livrer ensuite à l’Ukraine, après des opérations de maintenance en Allemagne. Et le 13 février, un contrat de vente avait été signé entre les deux sociétés, avec une réserve: la vente ne pourrait avoir lieu qu’avec l’accord des autorités compétentes.
Ces points, ainsi que des incohérences constatées dans le cadre de cette affaire, font que Viola Amherd veut une enquête externe «approfondie». Des questions se posent notamment sur la collaboration de Ruag avec la Confédération en tant que propriétaire. «Il s’agira également d’examiner comment le conseil d’administration s’acquitte de son devoir de surveillance sur la direction», précise le DDPS.
Pour rappel, la patronne de Ruag, Brigitte Beck avait annoncé sa démission le 7 août dernier moins d’un an après avoir pris la tête de l’entreprise. Elle avait fait sensation avec ses déclarations sur la guerre en Ukraine. Début mai, elle avait participé à une table ronde sur la neutralité suisse. À cette occasion, elle s’était adressée à l’Allemagne ou l’Espagne en les appelant à ignorer le veto de la Confédération sur la réexportation de matériel de guerre: «Livrez donc ce matériel à l’Ukraine. Que ferions-nous de toute façon? Rien.» Elle avait été accusée d’appeler à la «rupture de contrat».