ConcertMangé tout cru par Cannibal Corpse à Lausanne
Le groupe culte américain de brutal death metal était dimanche à la salle Métropole. Et pour un profane comme moi, ce n’était pourtant pas que du bruit.
- par
- Laurent Flückiger
Il paraît qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie Cannibal Corpse. Un peu comme le Machu Picchu ou le film «Les Goonies», mais en moins séduisant: le groupe, fondé en 1988, joue en effet du brutal death metal. Les Américains s’arrêtant à Lausanne, à la salle Métropole, le dimanche 12 mars, on m’y a traîné.
De Cannibal Corpse, je ne connaissais pas la musique mais le fait que leurs pochettes morbides ont régulièrement été censurées dans plusieurs pays et que l’Allemagne a même interdit la sortie de plusieurs disques. Les livrets et leurs paroles morbides, aussi. D’ailleurs, en 1991, même la police du commerce de Lausanne avait sévi. À l’époque, elle avait confisqué à Rock Store son arrivage de t-shirts dérivés du disque «Butchered at Birth». On y voyait deux zombies arracher le fœtus d’une femme écorchée, alors qu’étaient suspendus derrière eux des cadavres de bébés. Trop violent pour les autorités.
Des cheveux propres
Dimanche, Cannibal Corpse n’est pas venu seul. La soirée est un package de décibels dont font partie aussi Stormruler – black metal mélodique américain –, Ingested – death metal anglais – et Dark Funeral – black metal suédois. Sur scène, ces derniers sont un peu costumés à la manière des Guerriers divins d’Odin dans «Les chevaliers du zodiaque». Avec cette image en tête, leur performance à Lausanne tient plus du concours de cosplay que du concert brutal. D’ailleurs, j’avais déjà commencé à être rassuré lors dans mon arrivée dans le hall de la salle Métropole en découvrant le merchandising de Cannibal Corpse: pas d’éviscération ou de dépeçage sur les vêtements. J’ai même vu une fille portant un t-shirt bleu ciel de Napalm Death avec une licorne arc-en-ciel.
Il est 20 h 40, le quatrième et dernier groupe, le clou de la soirée, s’avance devant son public. Pas de costumes, pas de décor, une simple toile marquée Cannibal Corpse en lettres rouge sanguinolent. Voici cinq quinquagénaires pionniers d’un genre musical, aux cheveux propres et avec quinze albums à leur actif, venus jouer dix-huit morceaux d’une puissance phénoménale.
Un bassiste phénoménal
Le chanteur, George Fisher, fait du headbanging – ce mouvement qui consiste à faire bouger sa tête dans tous les sens – sur tous les morceaux. Je suis soufflé. Mais moins par ses rotations que par la technique du bassiste, Alex Webster. La vitesse avec laquelle il fait bouger ses doigts est tout simplement incroyable – les deux guitaristes ne sont pas mal non plus. Et bien sûr, à la batterie, il y a la double pédale qui emballe tout ça. Ces mecs ont une sacrée technique. Ils ont aussi besoin de petites pauses pour se reposer. En face, le public répond davantage sur les anciens que les nouveaux morceaux et ne craint pas le coup du lapin à son tour, en plus de quelques pogos. Et moi, au milieu, je ne suis même pas choqué ou effrayé par les paroles – allez comprendre quelque chose quand le chant est guttural.
Il est 22 h 05, c’est la fin. Pour le public, il est temps de rentrer ranger son t-shirt noir puis de commencer sa semaine de travail. Ça y est, j’ai vu une fois dans ma vie Cannibal Corpse. Et il n’est pas trop tard pour revoir «Les Goonies» avant de se coucher.