France: Le meurtrier de Sophie Le Tan risque la perpétuité

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FranceLe meurtrier de Sophie Le Tan risque la perpétuité

Mercredi, le procureur a requis la prison à vie pour le sexagénaire accusé d’avoir tué une jeune étudiante, en 2018, en France.

Jean-Marc R. doit répondre de ses actes pour la seconde fois.

Jean-Marc R. doit répondre de ses actes pour la seconde fois.

AFP

L’avocat général a requis mercredi devant la cour d’assises du Haut-Rhin la peine maximale contre Jean-Marc R., accusé d’avoir assassiné en 2018 la jeune étudiante Sophie Le Tan, dont le corps démembré avait été retrouvé en forêt en 2019.

«Mon intime conviction, étayée par les éléments du dossier, c’est qu’il y a bien eu intention homicide et préméditation», a soutenu le magistrat, Jean-Luc Jaeg, battant en brèche pendant 2h30 la thèse de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner, soutenue par la défense, pour démontrer de manière rigoureuse «l’intention criminelle» de l’accusé. Jean-Marc R., 62 ans, avait écopé de la perpétuité assortie de 22 ans de sûreté en première instance.

Fable de La Fontaine

«Ce dossier me rappelle le titre d’une fable de Jean de La Fontaine, «Le loup et l’agneau», a exposé Jean-Luc Jaeg au début de sa plaidoirie. «L’agneau, c’est Sophie Le Tan», poursuit-il, décrivant une «fille méritante», «gentille, bienveillante, fidèle», qui avait «tout l’avenir» devant elle.

«Quant au loup, c’est Jean-Marc R. Quand les enquêteurs l’ont identifié, on devine qu’un frisson d’horreur les a traversés», imagine-t-il, avant de détailler le lourd casier judiciaire de l’accusé, «criminel récidiviste ayant une appétence pour les produits stupéfiants», et de rappeler sa précédente condamnation par une cour d’assises, en 2003, pour viols et agressions sexuelles.

Un «homme violent»

Dans ses rapports avec les femmes, Jean-Marc R. a toujours été «un homme violent, dominateur, harceleur», voire «tyrannique», soutient l’avocat général, évoquant les témoignages des ex-compagnes qui se sont succédé à la barre.

Il démonte le projet de voyage de l’accusé, soutenu par «aucun élément concret», qui lui fournirait un motif pour sous-louer son appartement. Au contraire, les petites annonces postées sous de faux noms sur le site LeBonCoin n’avaient aucun autre but que d’attirer dans l’appartement une étudiante, «avec l’intention qu’on ne puisse pas remonter jusqu’à lui».

«C’est la proie rêvée»

Jean-Marc R. fixe ainsi «11 rendez-vous» successifs à des locataires potentielles, à une adresse imprécise, à proximité de son immeuble. Les dix premiers rendez-vous ne seront pas honorés, parfois du fait des étudiants, souvent à cause de l’accusé, qui, le moment venu, ne répond plus aux sollicitations.

«Mais pour Sophie Le Tan, ça a matché», remarque Jean-Luc Jaeg. «Elle avait une double qualité. Elle était seule, et elle était asiatique», souligne-t-il, en référence aux «attirances» de l’accusé. «C’est pour lui la proie rêvée, c’est elle qu’il va faire monter dans l’appartement».

Pour l’avocat général, Jean-Marc R., après avoir «assouvi un fantasme tordu ou pervers» sur la jeune étudiante de 20 ans, ne pouvait se permettre de la laisser repartir, après avoir pris «un tel luxe de précautions» à ne pas laisser de traces pour l’attirer dans un «piège». Alors, «le loup a sacrifié l’agneau».

Caractère prémédité et perpétuité

À l’issue de l’exposé précis et argumenté, le magistrat ne s’attarde pas particulièrement sur le démembrement du corps, «particularité horrible», ou sur le «nettoyage extrêmement approfondi» de l’appartement, si ce n’est pour estimer que cela renforce le caractère prémédité du crime, commis par un «tueur froid, organisé».

«Je vous demanderai donc de déclarer Jean-Marc R. coupable d’assassinat, en récidive légale», conclut-il. Il requiert la réclusion criminelle à perpétuité, en prenant soin de souligner «l’absence totale de remords» de l’accusé», sa «dangerosité» et le «risque de récidive» pour l’homme qui fait face depuis dix jours à Colmar à sa sixième cour d’assises.

Il termine par une remarque plus personnelle. «La peine prononcée en première instance», la perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans, était «lourde, mais justifiée», avance-t-il. Ce procès d’appel «n’aura servi à rien ou pas grand-chose, si ce n’est prolonger ou raviver la souffrance de la famille Le Tan».

(AFP)

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