Football: Ces Suisses qui avaient échoué aux portes d'une finale européenne

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FootballCes Suisses qui avaient échoué aux portes d'une finale européenne

Jouer une demi-finale de Coupe d'Europe, c'est arrivé dans le foot suisse. Mais jamais un club n'avait été aussi proche du trophée. On rembobine.

Robin Carrel
par
Robin Carrel
Mohamed Salah face à Petr Cech il y a dix ans.

Mohamed Salah face à Petr Cech il y a dix ans.

AFP

Pour remettre un peu de contexte dans le parcours en Europa League Conférence du club rhénan, il convient de souligner une statistique. En cas de qualification pour la finale, le FCB deviendrait la première équipe d'une division hors du top 10 européen à y arriver depuis les Ukrainiens du Dnipro Dnipropetrovsk en 2015 (défaite 3-2 contre le FC Séville). La Conference League est certes une jeune compétition, mais ça vous classerait un éventuel exploit.

La victoire du FC Bâle à Florence (1-2) jeudi soir ne l'assure de loin pas d'une place sur le pré de l'Eden Arena de Prague, le 7 juin 2023, c'est vrai. Mais pour une équipe venue de Suisse, ce qu'a réalisé la formation du Parc Saint-Jacques l'a fait entrer dans une véritable «terra incognita». Car des clubs helvétiques ont déjà joué des demi-finales de Coupes d'Europe dans le passé, mais jamais ils ne se sont retrouvés si proches de cet exploit.

Jusqu'ici, sur cinq tentatives à l'extérieur, chaque partie s'était terminée par une défaite. Et à chaque fois, les équipes venues de la petite Suisse avaient été éliminées au retour. Retour, justement, sur ces déceptions souvent d'un autre temps, quand seul le champion jouait la Coupe des Champions, le vainqueur de la Coupe disputait la Coupe des Coupes et les autres se battaient dans la regrettée Coupe de l'UEFA.

C1: Young Boys - Stade de Reims, 1958-1959

Les Young Boys de l'époque avaient été sortis en demi-finale de Coupe des Champions par le Stade de Reims. Les Bernois avaient pourtant gagné 1-0 à l'aller, mais Just Fontaine, Roger Piantoni – surtout – et compagnie avaient fait le boulot au retour (3-0). Les Français finiront par s'incliner contre le Real Madrid en finale (2-0) à Stuttgart.

Sur la route de la demi-finale, YB avait d'abord éliminé Manchester United par forfait au 1er tour. Les Mancuniens avaient été invités à participer à la compétition à la suite du crash aérien de Munich en 1958. Mais la fédération anglaise leur avait interdit d'y participer.

Ensuite, le champion de Suisse avait sorti les Hongrois du MTK Budapest (1-2; 1-4) et les Est-Allemands du Wismut Karl-Marx-Stadt, l’ancêtre de  l’Erzgebirge Aue (2-2; 0-0; match d'appui: 2-1). À l'époque, on ne jouait pas encore de prolongations ou de séries de tirs au but en cas de match nul.

C1: FC Zurich - Real Madrid, 1963-1964

On enchaîne sur une gifle monumentale. Pire qu'une «manita». Il y a soixante ans, après avoir sorti les Irlandais de Dundalk au 1er tour (2-1; 0-3), les Turcs de Galatasaray aux penalties (2-0; 0-2 ap) en 8es et les Néerlandais du PSV Eindhoven en quarts (1-0; 1-3), les Zurichois se sont coltinés le Real Madrid. Un club espagnol qui avait gagné les Coupe des Champions de 1956, 1957, 1958, 1959 et 1960 (et qui perdra 3-1 en finale contre l'Inter Milan en 64). Ça a fait un gentil 1-2 à l'aller en Suisse, avant un sévère 6-0 en Espagne.

C1: FC Zurich – FC Liverpool, 1976-1977

Attention, nouvelle gifle! Cette fois, c’est Liverpool qui a violemment refermé la porte de la finale de Coupe d’Europe à une équipe suisse. Le FC Zurich avait été battu en demi-finale à l’aller (1-3) comme au retour (0-3). Les Reds allaient enchaîner sur la conquête de la Coupe aux grandes oreilles en se jouant du Borussia Mönchengladbach (3-1) à Rome.

«Ce Liverpool-là, c'était tout simplement la meilleure équipe d'Europe. Je me souviens surtout du pressing que les Anglais avaient réussi à exercer… C'était impressionnant! Ils nous ont pris à la gorge dès le début, à l'aller comme au retour», nous disait un certain Gabet Chapuisat il y a quelques années.

Sur la route de la demi-finale, les Zurichois avaient dû batailler. Ils avaient d’abord écarté les Ecossais des Glasgow Rangers (1-1; 0-1), avant de sortir les Finlandais du TPS Turku (2-0; 1-0), puis les Est-Allemands du Dynamo Dresde (2-1; 2-3) grâce à la défunte règle des buts marqués à l’extérieur.

Les clubs suisses en quarts de finale (ou mieux) d'une compétition européenne

C2: Grasshopper – Bastia, 1977-1978

On est en plein période faste pour les clubs suisses sur le front européen. Et cette élimination en demi-finale est peut-être la plus rageante de l’histoire du jeu de ballon helvétique. Car ce GC-là, emmené par les buts à la pelle de Raimondo Ponte, est passé à un souffle de l’exploit, après avoir enchaîné les qualifications contre les Danois du SK Frem (0-2; 1-6), les Tchécoslovaques de l’Inter Bratislava (1-0; 1-5), les Soviétiques du Dinamo Tbilissi (1-0; 0-4) et les Allemands de l’Eintracht Francfort (3-2; 0-1) grâce aux buts marqués à l’extérieur.

En demi-finale, les «Sauterelles» avaient aussi pris la porte à cause de cette défunte règle. Le jeune Heinz Hermann et sa troupe avaient remporté le match aller au magnifique Hardturm 3-2. Au retour, les Suisses avaient tenu jusqu’à la 67e minute et un but de Claude Papi. «Il nous a manqué un ou deux buts de plus lors du match aller pour tenir au retour, regrettait il y a quelques années Raimondo Ponte dans nos colonnes. Mais on ne doit pas avoir honte de cette élimination. Avec le recul, ç'aurait vraiment été un immense exploit de se qualifier pour la finale!»

C3: Bâle-Chelsea, 2012-2013

C’est la seule demi-finale suisse que les moins de 20 ans peuvent à peu près connaître! Et qu’elle était belle cette équipe du FC Bâle de l’époque… Yann Sommer, Fabian Schär, Mo Salah et compagnie avaient défié un splendide Chelsea, avec Eden Hazard, Frank Lampard et Petr Cech au sommet de leur art.

On avait failli y croire quand Schär avait égalisé à la 87e minute du match aller, mais le 1-2 signé David Luiz à la 93e avait fait mal. On avait failli y recroire au retour (3-1), avec le 0-1 de l’Egyptien en toute fin de première période. Fernando Torres (50e), Arthur Moses (52e) et David Luiz, encore lui (59e), avaient plié la qualification pour la finale (gagnée 2-1 par les Londoniens contre Benfica à Amsterdam) en faveur des Londoniens.

Sur le chemin de cette demie, le Bâle de Murat Yakin avait sorti les Hongrois de Videoton (devenu depuis le MOL Fehérvár Football Club) et les Portugais du Sporting en phase de poules. Il avait enchaîné sur des succès face aux Ukrainiens du Dnipro Dnipropetrovsk en 16es de finale (2-0; 1-1), aux Russes du Zénith Saint-Pétersbourg (2-0; 0-1) en 8es et une qualification en quart contre les Anglais de Tottenham aux tirs au but (2-2; 2-2 ap).

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