FootballMattia Croci-Torti: «On ne sait jamais vraiment comment Servette va jouer»
Avant la demi-finale de la Coupe de Suisse de mercredi soir (20h15), l’entraîneur de Lugano évoque ce duel et parle de son équipe.
- par
- Valentin Schnorhk Chavannes-de-Bogis
Peut-être par superstition, le FC Lugano reproduit ces jours le même schéma qu’il avait appliqué il y a un peu moins d’un an, les jours précédant sa victoire en Coupe de Suisse (4-1 contre Saint-Gall en finale). Autrement dit, les Tessinois sont au vert depuis dimanche dans le même hôtel à Chavannes-de-Bogis, et ils s’entraînent au Centre sportif de Colovray, à Nyon. Sauf que cette fois, c’est une demi-finale qui les attend, contre Servette. Avant le match de mercredi soir (20h15) à la Praille, l’entraîneur tenant du titre Mattia Croci-Torti (40 ans) se voit bien retourner au Wankdorf le 4 juin prochain.
Mattia Croci-Torti, Servette a toujours beaucoup de peine contre Lugano, comment l’expliquez-vous?
Lugano a souvent eu la chance de gagner, mais ce sont presque à chaque fois des matches équilibrés, avec régulièrement des matches nuls. Je pense que Servette est une équipe qui ne pense pas à défendre. C’est pour ça que le Lugano d’avant, qui ciblait surtout un jeu en transition, a toujours trouvé des configurations qui lui convenaient. Puis, depuis que je suis arrivé au poste d’entraîneur (réd.: en septembre 2021), nous avons fait beaucoup de matches nuls, parce que les deux équipes ont envie de jouer le match jusqu’au bout. Alain Geiger cherche toujours à gagner le match. Et Servette l’a parfois payé.
Comment Servette est-il vu par Lugano?
Quand nous préparons un match contre Servette, nous plaçons une attention particulière sur des individualités. Parce qu’il y a des joueurs qui font la différence comme Stevanovic, qui marque souvent contre nous, comme Cognat qui fait toujours de super matches quand on lui laisse des espaces. Mais mercredi, ce sera différent.
Donc quand vous affrontez Servette, vous pensez surtout à comment défendre?
Non. 80% de mon plan se concentre sur les espaces à trouver pour lui faire mal. Mais après, on ne sait jamais vraiment comment Servette va jouer, parce que Geiger donne beaucoup de liberté à ses joueurs. Face à ce type d’entraîneur qui n’a pas une construction très définie, il faut mettre l’accent sur les individualités, pour comprendre comment certains joueurs peuvent nous faire mal. Il faut les connaître pour anticiper ce qui risque de se passer le jour du match.
Pourquoi ce match de Coupe est-il différent?
Il y a une tension spéciale. Je sais que Servette a beaucoup de pression, avec un club qui n’a plus gagné la Coupe depuis longtemps, avec un entraîneur qui va partir et qui ne l’a jamais gagnée. Les Genevois s’attendent à ce que Servette aille en finale.
Comment décririez-vous le Lugano de cette année?
C’est une équipe qui a eu plusieurs phases différentes. Au début de saison, nous avons eu beaucoup de nouveaux joueurs, que je ne connaissais pas bien. Renato Steffen, l’un des plus importants de l’équipe, est arrivé après six ou sept matches. C’était difficile à gérer, aussi avec le match de Conference League contre Hapoël Beer-Sheva. Ce n’était pas un bon début. Puis, nous avons commencé à mieux connaître les joueurs, en trouvant un équilibre jusqu’à la fin de l’année. En 2023, je suis content de ce que fait l’équipe, même s’il manque toujours quelque chose, avec souvent plusieurs titulaires absents. Nous avons parfois dû faire des choix par nécessité qui nous ont amenés à changer de modules de jeu, pour convenir au mieux aux qualités des joueurs. Le développement de l’équipe est bon.
C’est uniquement parce que vous y êtes contraints que vous changez régulièrement d’approche?
En football, c’est impossible d’attaquer et défendre de la même façon à chaque match, face à des équipes qui sont différentes à chaque fois. Moi, je cherche toujours à comprendre où est la supériorité, où sont les espaces. Il faut donc faire comprendre à l’équipe qu’il y a plusieurs façons de faire, en changeant par exemple de système dans le même match. C’est le futur du football, avec ces cinq changements qui permettent d’amener d’autres qualités dans un match. Il faut être ouvert, tout en gardant la même philosophie.
Est-ce facile à faire imprégner aux joueurs?
Pendant la semaine, nous essayons de faire comprendre à l’équipe qu’il y a plusieurs façons différentes de jouer. Parfois, ce sont seulement cinq mètres en avant ou en arrière, qui peuvent mettre en difficulté l’adversaire. Ils peuvent faire la différence. Mais cela suggère toujours de s’adapter un petit peu à la manière dont l’adversaire joue.
Y a-t-il un favori dans cette demi-finale?
Non, je ne crois pas. Comme je l’ai dit, je sens que Servette a beaucoup plus de pression que nous. J’espère qu’il y aura un stade un petit peu plein. Parce que, parfois, jouer à Genève, ce n’est pas facile pour un joueur. Tu arrives dans ce stade fantastique et il y a 1/5e qui est rempli, cela ressemble un peu à une cathédrale dans le désert. Mais je ne pense pas qu’il y ait de favori, parce que je sais que mon équipe est prête pour ce match. À nous de profiter des moments où Servette subira un peu plus la pression.