CommentaireMacron a cinq ans pour se trouver un successeur
Pris entre deux feux de colère à sa droite et à sa gauche, le président va au-devant de cinq années qui s’annoncent difficiles. D’autant qu’il devra laisser sa place en 2027.


Une victoire suffisante et un show bien rodé pour le président Emmanuel Macron devant la tour Eiffel.
AFPDimanche soir déjà, des manifestations ont eu lieu contre Emmanuel Macron, dans diverses villes de France. À Nantes, des centaines de personnes ont défilé avec des torches en scandant: «Macron, on t’aura, tu ne finiras pas ton mandat». Le président a gagné dimanche dans une France divisée, entre ceux qui ne l’aiment pas et ceux qui n’aiment pas le Rassemblement national de Marine Le Pen. Il est conscient que ce n’est pas un plébiscite pour sa personne, mais le résultat en partie d’un choix inversé.
Un quinquennat violent
Cela rappelle un peu en 2012 la victoire de François Hollande contre Nicolas Sarkozy. Les Français en avaient tellement marre du second, qu’ils ont voté pour le socialiste sans grand enthousiasme avec 51,6% des voix. Emmanuel Macron n’est donc pas tiré d’affaires. Ce ne sera pas facile pour lui d’agrandir sa place dans le cœur des Français, surtout parmi les plus défavorisés. Il doit donc s’attendre à un quinquennat violent, comme le fut le premier avec les Gilets jaunes et les manifestations contre les mesures sanitaires.
Le président devra aussi songer à sa succession. Là, cela se complique sérieusement car son mouvement ne tient que par lui, que par sa force de travail et de conviction. S’il venait à mettre en selle un successeur, cela ne serait pas très bon pour celui-ci. Pendant ce temps, les forces d’extrême-droite, le Rassemblement National et Reconquête, si elles parviennent à s’entendre, ont déjà pris le rendez-vous pour 2027, espérant que cette fois ce sera la bonne après les «huit défaites de la famille Le Pen», comme l’a relevé Eric Zemmour.
Dans l’attente d’un troisième mandat?
Dans son dernier livre «Anéantir», Michel Houellebecq a déjà fait l’exercice de se projeter en 2027, lorsque le président ne pourra pas se représenter après deux mandats. Le héros de son histoire travaille pour un ministre très compétent pressenti pour remplacer Emmanuel Macron, pendant une période, avant qu’il ne revienne. Un peu comme Vladimir Poutine l’avait fait en 2008 avec le président fantoche Dmitri Medvedev, avant de revenir au pouvoir en 2012 pour ne plus le lâcher. La France limite la présidence à deux mandats consécutifs, mais permet un retour. Cela n’est jamais arrivé, mais comme Emmanuel Macron a 45 ans, il finira son mandat à 49 ans et pourrait revenir à 54 ans.
Dans cette page de politique-fiction, Michel Houellebecq revient sur les cinq années passées – donc les cinq années à venir pour nous – en rappelant une actualité mortifiante faite de cyberattaques et de terrorisme mondialisé. Il n’avait pas prévu la guerre en Ukraine, qui risque bien de rester une poudrière pour la planète durant pour un bon bout de temps.
Deux feux en colère
Cependant, Emmanuel Macron est plutôt bon à l’international, où il sait faire entendre la voix de la France. C’est dans son pays que ce sera difficile, où le ressentiment à l’égard du «président des riches» ou de «Jupiter» est fortement répandu, comme le montre les 42% de voix pour sa rivale d’extrême-droite. Ce ne sera pas facile pour lui d’inverser cette dynamique, où il va continuer à présider entre deux feux en colère.