Editorial - Covid-19: le virus n’obéit pas aux partis politiques

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ÉditorialCovid-19: le virus n’obéit pas aux partis politiques

Les assouplissements de la fin juin ont-ils été trop généreux? En moins de deux mois, l’optimisme du Conseil fédéral, qui tablait sur un retour définitif à la normale, laisse la place à une désillusion certaine.

Eric Felley
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Eric Felley
Le certificat Covid-19 sert pour l’instant à contrôler l’entrée des grandes manifestations et des discothèques. On sent de la réticence à Berne pour étendre son utilisation.

Le certificat Covid-19 sert pour l’instant à contrôler l’entrée des grandes manifestations et des discothèques. On sent de la réticence à Berne pour étendre son utilisation.

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Le 23 juin dernier, avant de partir en vacances, le Conseil fédéral déclarait: «Les assouplissements des 19 avril et 31 mai n’ont pas eu de répercussions négatives sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19 en Suisse. Le nombre de nouveaux cas et d’hospitalisations a enregistré un nouveau recul marqué. D’ici à la fin juin, environ la moitié de la population adulte sera en outre entièrement vaccinée». Finalement, il aura fallu attendre la mi-août pour que la moitié de la population soit vaccinée. La Suisse a dépassé lundi la barre des 50%, et il a fallu 10 jours pour augmenter de 1% les derniers vaccinés…

Il y a moins de deux mois, le Conseil fédéral a donc assoupli nombre de mesures: le port du masque n’est plus obligatoire à l’extérieur, ni à l’intérieur sur le lieu de travail, ni au secondaire II, le télétravail n’est plus une obligation, l’enseignement présentiel peut se faire sans restriction, les limites de capacité sont abrogées dans les lieux de sport, de culture et dans les restaurants, etc.… Finalement, il ne restait guère que le port du masque dans les magasins et dans les transports publics, ainsi que les mesures pour les manifestations.

Pression politique constante

La levée de ces mesures répondait à une situation sanitaire qui paraissait maîtrisée, mais également à une pression politique constante sur le Conseil fédéral depuis le début de l’année. Au fil des mois, on a senti que l’insistance d’une certaine droite économique à vouloir tourner la page de l’épidémie à pousser le Conseil fédéral, et son ministre de la Santé Alain Berset, à vouloir précipiter les choses, voire à forcer le destin vers une rapide normalisation.

Mais, car il y a toujours eu un «mais», le variant Delta nous a rappelé que le virus n’obéissait aux ordres d’aucun parti. Il représente actuellement la quasi-totalité des infections, s’est répandu comme on n’osait le craindre. Coup sur coup, nous avons passé les 1000 cas le 2 août, les 2000 le 9 août et les 3000 cas le 17 août. C’est une nouvelle vague. Elle est cependant différente de l’automne dernier, car les hospitalisations sont quatre fois moins nombreuses. Mais elles augmentent quand même au pro rata des infections, car une partie trop importante de la population s’est montrée réticente au vaccin.

Autant de questions sans réponse…

Mardi on sentait que la désillusion était grande après l’annonce par l’OFSP de la progression de l’épidémie, qui s’accompagne de nombreuses inconnues: quelle ampleur va-t-elle atteindre? Est-ce trop tard pour la freiner? Quelles mesures faudra-t-il prendre dans les semaines à venir? Faudra-t-il revenir sur la levée de certaines restrictions décidées à fin juin? Le certificat sanitaire va-t-il entrer en jeu pour limiter l’accès à certains lieux?

À ce stade, c’est autant de questions qui n’ont pas de réponse, mais créent une inquiétude nouvelle pour l’automne, pour ne pas dire un sentiment de panique chez certains. Au lieu de fêter la normalisation tant souhaitée, le Conseil fédéral se retrouve avec une situation complexe, tant sur le plan sanitaire que politique. Avec en point de mire une votation sur le certificat Covid-19 au mois de novembre.

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