Élections fédéralesMarius Diserens, premier élu non-binaire à Berne?
Dimanche soir, le Conseil national connaîtra peut-être son premier conseiller national ni homme, ni femme, mais en «constante évolution».
- par
- Eric Felley
En Suisse alémanique, le débat sur les questions de genre a pris une tournure polarisée depuis que l’UDC a décidé d’en faire un thème de campagne, dénonçant les «diktats du genre» ou la «folie woke». Avec le candidat des Vert.e.s vaudois, Marius Diserens, le Conseil national pourrait bien accueillir le premier élu qui revendique d’être non genré. Ses chances sont minces, mais pas inexistantes.
Ce mardi, l’«Aargauer Zeitung» consacre une page entière à ce natif de Nyon: «membre du Parti Vert, titulaire d’un master en études de genre, qui enseigne le yoga et conseille des entreprises et des organisations sur les questions de genre» et qui est «suivi par plus de 10’000 personnes sur Instagram».
En ces terres argoviennes, celles du conseiller national Andreas Glarner (UDC/AG), l’«Aargauer Zeitung» constate «un débat bruyant, rude et agressif» sur le genre, tandis que Marius Diserens est tout le contraire: «poli, réservé, réfléchi». Face aux certitudes sexuelles assénées par l’UDC, il répond que sa personnalité est le résultat d’un «voyage individuel» qui n’a jamais de fin: «Je pense que nous sommes tous en constante évolution».
«Se battre tous les jours»
Cette personnalité suscite cependant beaucoup de haine. Insultes et des menaces en ligne sont régulières, tandis que dans la rue, il ne passe pas inaperçu et essuie parfois des remarques désobligeantes. Il s’en est fait une raison: «Quiconque est fréquemment victime de violence normalise dans une certaine mesure cette violence». Son choix de vie «signifie se battre tous les jours». Il peut compter sur un réseau d’amis: «Ce sont des gens qui me connaissent très bien, que je peux appeler à toute heure du jour ou de la nuit et qui savent exactement comment je fonctionne et ce dont j’ai besoin».
Concurrence sur la liste verte
Marius Diserens se définit comme un «écoféministe». Depuis 2021, il siège au Conseil communal de Nyon, où il est vice-président de la Commission des finances. Son avenir est-il à Berne? Les Vert.e.s vaudois ont quatre sièges au National (dont deux gagnés en 2019), qu’ils devront conserver de haute lutte. Lui figure en sixième place sur la liste et pourrait se hisser à la quatrième place, tenue actuellement par Valentine Python. Ironie de la situation, il est aujourd’hui son assistant personnel à Berne. Depuis qu’il s’y rend régulièrement, il constate que les regards suspicieux se sont atténués: «Au Palais fédéral, on s’est habitué à moi», conclut-il.