Attentat de Nice: la policière qui a tué le terroriste témoigne au procès

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Attentat de Nice«Je passe mon arme dans la cabine et je tire à plusieurs reprises»

Lors du procès de l’attentat du 14 juillet 2016, la policière qui a abattu l’auteur de l’attaque au camion-bélier a raconté lundi à la barre comment elle a abattu le terroriste.

Magali Cotton est la policière qui a abattu l’auteur de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Elle est venue témoigner mardi au procès devant la Cour d’assises spéciale de Paris.

Magali Cotton est la policière qui a abattu l’auteur de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Elle est venue témoigner mardi au procès devant la Cour d’assises spéciale de Paris.

AFP

Elle s’avance à la barre, et cette femme à la carrure athlétique paraît soudain très frêle. Magali Cotton est la policière qui a abattu l’auteur de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, mais elle ne joue pas les héroïnes. Venue témoigner mardi au procès à Paris, elle fond en larmes puis s’agrippe à la barre et commence d’une voix grave son récit.

Celui de trois policiers de la brigade spécialisée de terrain lancés, à pied, aux trousses d’un camion de 19 tonnes en train de commettre un massacre sur la promenade des Anglais, où près de 30’000 personnes étaient rassemblées pour assister aux festivités de la fête nationale.

Arrivés à sa hauteur, ils s’approchent de la cabine et crient au chauffeur d’arrêter. Ils ne pensent alors pas à un attentat, plutôt à un homme ivre, «qui ne gère plus son véhicule». Mais «le chauffeur pointe une arme sur nous et tire trois fois», avant de repartir à toute allure, affirme Magali Cotton, cheveux bruns tirés en arrière, jean et T-shirt noir, mimant le geste effectué par l’assaillant, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.

Spectateurs projetés en l’air ou écrasés par le camion fou

«On part en courant derrière le camion. Il y a tous les gens qui se font écraser, on voit les gens qui passent sous les roues, qui se font projeter. Moi, je me dis «Putain, il faut que ça s’arrête, il faut que ça s’arrête!» raconte la policière, aujourd’hui âgée de 39 ans. Après environ 200 mètres, le camion s’arrête en raison d’une panne mécanique. Ses collègues partant sur la gauche, la jeune femme décide de remonter le camion par la droite.

«Je m’avance. Je passe mon arme dans la cabine, la fenêtre était ouverte ou brisée, et je tire à plusieurs reprises», poursuit Magali Cotton, devant la Cour d’assises spéciale. Elle aperçoit alors la tête du conducteur «contre le montant» de la cabine, côté passager, «avec du sang». Ses collègues arrivés entre-temps continuent à faire feu, jusqu’à ce que l’un d’eux ordonne de cesser les tirs.

Criblé de 12 balles

L’autopsie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a retrouvé 12 balles dans son corps, provenant toutes de la police nationale, et déterminé que celle qui avait provoqué son décès avait touché «la carotide du côté droit». La policière, qui s’est constituée partie civile au procès, remonte ensuite les victimes au sol pour porter secours, mais «il n’y avait rien à faire. Les gens qui avaient pu partir étaient partis». «Je suis dans la police depuis 2005. J’ai déjà été confrontée à des choses dures. Mais par rapport à ça…» Elle secoue la tête et ajoute: «Je peux pas comparer.»

Interrogée sur le dispositif en place ce soir-là, côté police nationale, elle assure qu’il était «habituel pour le 14 juillet», mais ajoute «quand on voit le résultat, bien sûr, c’était trop léger». Son amertume pointe lorsqu’elle évoque le deuxième équipage de police positionné comme eux à l’angle de la rue Meyerbeer, mais qui était parti pour effectuer une procédure mineure, «un vélo bleu volé», juste avant que le camion ne surgisse. «J’ai dit à mon chef: «Il y a peut-être mieux à faire ce soir», se rappelle-t-elle.

Elle pense tous les jours à l’attentat de ce 14 juillet

Toujours dans la police, elle a demandé sa mutation à Lyon en 2017. «Dans un service moins exposé?» l’interroge une des juges assesseurs. «Non, non, je suis dans la BAC», la brigade anticriminalité, répond-elle, expliquant qu’elle «pense tous les jours» à l’attentat, mais qu’elle tient en mettant les images de cette soirée «dans des cases, pour essayer de les archiver».

(AFP)

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