EnvironnementLoups dans le Jura vaudois: Jacqueline de Quattro interpelle Berne
La conseillère nationale s’inquiète des attaques récentes du prédateur contre le gros bétail dans la région du Marchairuz. Elle a saisi le Conseil fédéral à ce sujet.
- par
- Christine Talos
Huit jeunes bovins ont été tués cet été dans la région du col du Marchairuz (VD) en l’espace d’un mois. Une situation qui préoccupe la conseillère nationale Jacqueline de Quattro qui vient de déposer une interpellation à ce sujet auprès du Conseil fédéral.
«Ces attaques montrent que la meute s’habitue à s’en prendre à du bétail et d’autres espèces d’animaux. Aucun animal domestique ni animal de rente n’est désormais à l’abri du grand prédateur, que ce soit sur les alpages ou dans les exploitations à l’année», explique-t-elle.
La Vaudoise n’est pas opposée au loup, bien au contraire. «Ce sont des animaux que j’adore, de même que le lynx, et il faut les protéger». Mais selon elle, les meutes commencent à poser problème, en particulier les jeunes. «On le sait: ils doivent quitter le groupe pour trouver de nouveaux territoires. Or, comme ceux-ci ne sont pas grands, les loups s’approchent toujours plus des maisons et risquent de perdre leur crainte naturelle de l’homme», explique-t-elle. En précisant toutefois que l’humain n’a rien à craindre «contrairement aux croyances de certains». Mais le prédateur pourrait s’en prendre à des chiens ou autres animaux domestiques, selon elle.
«La pression augmente»
Dans le canton de Vaud, le gouvernement a reçu le feu vert de l’Office fédéral de l’environnement pour abattre les loups, avec la recommandation de viser justement les jeunes individus lorsqu’ils se trouvent dans un groupe et à proximité d’habitations ou de troupeaux d’animaux de rente. Jacqueline de Quattro est satisfaite de cette décision. Néanmoins la pression augmente pour les éleveurs qui s’inquiètent toujours plus de perdre des animaux, souligne-t-elle.
Du coup, la Vaudoise demande au Conseil fédéral de prendre position sur ces attaques de bétail. Elle souhaite savoir comment le gouvernement évalue le fait que des bovins, et pas seulement des chèvres et des moutons, sont désormais tués, sachant que les mesures de protection à envisager ne sont pas les mêmes. Et surtout quelles nouvelles mesures le Conseil fédéral envisage suite aux modifications insuffisantes apportées à l’ordonnance sur la chasse.
«Un but préventif»
«Mon interpellation a un but préventif», explique-t-elle. Car pour Jacqueline de Quattro, il faut éviter à tout prix que la situation dégénère à nouveau et qu’on assiste à de nouvelles confrontations entre éleveurs et partisans du loup comme il y en a eu lors de la campagne sur la révision de la loi sur la chasse, refusée en votation populaire l’automne dernier.
Mais avec ce rejet par le peuple, la situation n’a pas changé sur le terrain, et il faut donc trouver des «solutions pragmatiques pour cohabiter avec le loup, sachant qu’il s’agit d’une espèce protégée», estime-t-elle. D’autant qu’il est de plus en plus difficile pour les services cantonaux de gérer cette problématique, tant ils sont confrontés à des intervenants aux attentes souvent contradictoires, souligne l’ex-conseillère d’État vaudoise. Qui sait de quoi elle parle puisqu’elle a été en charge pendant treize ans de cet épineux dossier…