ParisUn ex-président du Louvre inculpé dans une affaire de trafic d’antiquités
Mis en examen mercredi, Jean-Luc Martinez aurait fermé les yeux sur de faux certificats d’origine de cinq pièces antiques payées plusieurs dizaines de millions par le Louvre Abu Dhabi.
Un ancien président-directeur du Musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, a été mis en examen mercredi à Paris pour «blanchiment et complicité d’escroquerie en bande organisée» dans une enquête sur un trafic d’antiquités du Proche et Moyen-Orient, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Martinez avait été placé lundi en garde à vue dans les locaux de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), avec deux éminents égyptologues français, selon une source proche du dossier. Les deux spécialistes ont été libérés sans poursuites à ce stade, a-t-elle ajouté.
Selon l’hebdomadaire français «Le Canard enchaîné», qui a annoncé les gardes à vue, les enquêteurs cherchent à savoir si Jean-Luc Martinez aurait «fermé les yeux» sur de faux certificats d’origine de cinq pièces d’antiquités égyptiennes, dont une stèle en granit rose de Toutânkhamon, acquises par le Louvre Abu Dhabi «pour plusieurs dizaines de millions d’euros». Jean-Luc Martinez, patron du Louvre de 2013 à l’été 2021, est aujourd’hui ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine.
Une enquête préliminaire portant sur des soupçons de trafic d’antiquités provenant de pays instables du Proche et Moyen-Orient avait été ouverte en juillet 2018 par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris. Ce trafic concernerait des centaines de pièces et porterait sur plusieurs dizaines de millions d’euros, selon des sources proches à l’époque.
Objets archéologiques pillés dans plusieurs pays arabes
Dans cette affaire, au moins trois autres personnes sont poursuivies pour «escroqueries en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée». Un expert en archéologie méditerranéenne et son mari avaient été mis en examen en juin 2020 et placés sous contrôle judiciaire. Ils sont soupçonnés d’avoir «blanchi» des objets archéologiques pillés dans plusieurs pays en proie à l’instabilité depuis le début des années 2010 et l’émergence des Printemps arabes: Égypte, Libye, Yémen ou Syrie. Un galeriste germano-libanais a également été placé en détention provisoire en mars dernier. L’OCBC cherche à déterminer les conditions d’acquisition par le Louvre Abu Dhabi, via ce galeriste, des cinq antiquités sorties illégalement d’Égypte, d’après «Le Canard enchaîné».