Football – Etoile Carouge s’est déjà invité deux fois en demi-finales

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FootballEtoile Carouge s’est déjà invité deux fois en demi-finales

Au moment d’accueillir Saint-Gall mercredi (20h), le club des bords de l’Arve tentera de réitérer ses exploits de 1977 et 1988. Michel Pont et Gérard Castella ouvrent le livre des souvenirs.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Le 10 mai 1988, en demi-finales, le Carouge de Gérard Castella (s’adressant ici à ses joueurs) avait embarqué Grasshopper en prolongations.

Le 10 mai 1988, en demi-finales, le Carouge de Gérard Castella (s’adressant ici à ses joueurs) avait embarqué Grasshopper en prolongations. 

Eric-Lafargue

Après avoir déjà sorti le grand FC Bâle au tour précédent, Etoile Carouge vise ce mercredi soir contre Saint-Gall un nouvel exploit qui lui permettrait d’atteindre le dernier carré de la Coupe de Suisse. Un dernier carré que le club de la Fontenette a déjà atteint à deux reprises dans son histoire - à l’époque, il n’évoluait cependant pas en Promotion League comme c’est le cas aujourd’hui.

Les joueurs de Thierry Cotting rejoindront-ils leurs illustres devanciers, demi-finalistes en 1977 et en 1988? Plus de 3000 spectateurs sont prêts à vibrer et à prolonger le rêve. En guise d’échauffement, et au moment où le «Petit Poucet» ambitionne d’imiter Yverdon, jetant mardi soir un sort à un LS toujours aussi insipide, plongeons-nous dans l’histoire en compagnie de deux des acteurs l’ayant écrite.

Jusque dans les peupliers

Voici déjà 45 ans, Carouge avait eu le privilège de disputer deux demi-finales pour le prix d’une. Après avoir réussi l’exploit de sortir NE Xamax en quarts, les Genevois avaient été décrocher le 0-0 à l’Espenmoos le 21 mars 1977, synonyme d’un match retour disputé trois jours plus tard devant 11’200 spectateurs à la Fontenette, record du stade.

«Lors du premier match, mon frangin, qui était cheminot, avait conduit le train des supporters jusqu’à Saint-Gall»

Michel Pont, défenseur d’Etoile Carouge en 1977

«Il y avait du monde partout. Certains spectateurs n’avaient pas hésité à grimper dans les fameux peupliers pour s’y installer.» Le défenseur Michel Pont n’a rien oublié de cette soirée historique. Parmi ses coéquipiers figuraient notamment le gardien Denys De Blairville, Claude Dedominci, Ueli Wegmann, Bernard Mouny, Adriano Ripamonti, Michel Fatton, Andreas Capra et Beat Rieder.

«Lors du premier match, mon frangin, qui était cheminot, avait même conduit le train des supporters jusqu’à Saint-Gall. Le regretté Jean-Jacques Tillmann en avait profité pour réaliser un reportage.»

Dans des conditions dantesques, le capitaine Michel Fatton, blessé, avait dû recevoir des soins en dehors du terrain.

Dans des conditions dantesques, le capitaine Michel Fatton, blessé, avait dû recevoir des soins en dehors du terrain.

Eric-Lafargue

Après avoir tenu la draguée haute aux Brodeurs à domicile, l’équipe entraînée par Paul Garbani avait craqué en prolongations lors du retour (2-2, 2-4 ap). «On avait fait une saison extraordinaire, reprend Michel Pont. Trois mois après la Coupe, on avait été promus en LNA. On formait une joyeuse bande de potes. On allait bouffer ensemble avant les matches mais aussi après.»

«A la mi-temps, on était en finale (…) A l’époque, le 90% de l’équipe était composé de Genevois»

Gérard Castella, entraîneur d’Etoile Carouge en 1988

Onze ans plus tard, Carouge, dirigé alors par Gérard Castella et qui avait sorti Bulle au stade des quarts, avait disputé une nouvelle demi-finale, contre Grasshopper, qui régnait encore en maître sur le football suisse.

Le 10 mai 1988, près de 8’000 spectateurs réunis au bord de l’Arve allaient assister à l’incroyable résistance des Stelliens, lesquels devaient même ouvrir le score par Walder (45e). «A la mi-temps, on était en finale!», se souvient leur coach.

Ce soir-là de mai 1988, on ne s’était pas fait de cadeaux à la Fontenette. On reconnaît Ciriaco Sforza (de dos) et la capitaine de GC, Andy Egli, ainsi que les Carougeois Antonio Regillo et Gabord Pavoni (au sol).

Ce soir-là de mai 1988, on ne s’était pas fait de cadeaux à la Fontenette. On reconnaît Ciriaco Sforza (de dos) et la capitaine de GC, Andy Egli, ainsi que les Carougeois Antonio Regillo et Gabord Pavoni (au sol).

Eric-Lafargue

L’attaquant suédois Mats Gren (47e) et Martin Andermatt (au début des prolongations) allaient toutefois renverser le sablier. A l’époque, le pensionnaire de LNB alignait notamment Eric Pédat, Jean-Claude Roder, Michel Brodard, Farminio Isabella, Antonio Regillo, Gabor Pavoni, l’Argentin Raul Noguès, etc. «Le 90% de l’équipe était composé de Genevois», précise Castella. Cette saison-là, GC avait remporté la finale contre un surprenant Schaffhouse (1-0).

Dépasser ses limites

Ce mercredi soir, le club de Promotion League visera un nouvel exploit. «Saint-Gall va respecter Carouge, reprend notre interlocuteur. Il ne le prendra pas de haut. Après ce qui est arrivé à Bâle, Peter Zeidler et les visiteurs sont avertis qu’à Carouge, c’est dangereux.»

Exploit, mode d’emploi? «Il faut que tous les éléments s’enchaînent, que le gardien sorte un grand match, que la réussite soit au rendez-vous, etc. Pour créer l’exploit, il faut dépasser ses limites. Les Genevois ont les moyens d’embêter Saint-Gall un moment.»

«Carouge va l’emporter 4-2 après prolongations. Ce serait une façon de nous venger presque un demi-siècle plus tard!»

Michel Pont, ancien défenseur d’Etoile Carouge

De là à se retrouver en demi finale? Castella n’en est pas certain. «Je pense quand même que Saint-Gall va finir par passer.» Michel Pont se veut lui plus optimiste à l’heure du pronostic. «Carouge va l’emporter 4-2 après prolongations. Ce serait une façon de nous venger presque un demi-siècle plus tard!», s’amuse l’ancien assistant de l’équipe de Suisse, présent toute à l’heure au stade comme nombre des héros de l’époque.

Pour Carouge, mal barré dans son championnat (où, 13e, il occupe une inconfortable position de premier reléguable à la pause), le rendez-vous de la Fontenette coïncidera aussi avec son premier match officiel de 2022. «L’équipe risque certes de manquer de repères mais sur un match, l’insouciance de ses joueurs pourrait créer la surprise.»

Le mercato réalisé par les Brodeurs impressionne fortement l’ancien défenseur. «Saint-Gall pourrait bien être difficile à battre au deuxième tour.» Mais impossible n’est peut-être pas carougeois.

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