Couronnement de Charles IIINombre de Britanniques ne veulent pas en entendre parler
A l’approche de la cérémonie du 6 mai, qui verra Charles III devenir officiellement roi, les enquêtes d’opinion ne penchent pas franchement en sa faveur.
L’événement du 6 mai sera le premier de la sorte en 70 ans. Les premières répétitions des parades à cheval ont eu lieu, les tasses en porcelaine souvenirs – d’un bleu «masculin» – sont en vente et un plat officiel a été désigné: une quiche aux épinards, fèves et estragon.
Ne manque que l’enthousiasme du public, plus préoccupé par l’inflation que par ce nouveau mais déjà vieux roi de 74 ans, qui voudrait adapter l’institution multiséculaire à son époque, de l’environnent à la diversité, mais peine à incarner le renouveau et reste moins populaire que son héritier William.
Huit mois après avoir accédé au trône à la mort de sa mère Elizabeth II à 96 ans, c’est pourtant l’heure de la consécration publique pour Charles, chef d’Etat du Royaume-Uni mais aussi de 14 autres royaumes du Canada à l’Australie en passant par les Bahamas.
Il deviendra le 40e monarque britannique à être couronné à l’abbaye de Westminster depuis Guillaume le Conquérant en 1066. A son côté sera également couronnée la reine Camilla, 75 ans, maîtresse dans l’ombre de la princesse Diana.
Carrosses et balcon
Charles III a voulu une cérémonie modernisée, réduite à une heure et 2000 invités (trois heures et 8000 personnes pour Elizabeth II). Mais l’événement reste enraciné dans des siècles de tradition. Chef de l’Eglise d’Angleterre, Charles prêtera serment et bénéficiera de l’onction de l’archevêque de Canterbury.
Il recevra la robe royale, l’orbe (un globe en or surmonté d’une croix), le sceptre et la couronne de Saint-Edouard qui sera déposée sur sa tête. Accompagné de 4000 militaires, le couple repartira dans un carrosse du XVIIIe siècle vers le palais de Buckingham où la famille royale saluera la foule depuis son célèbre balcon.
L’événement marquera le lancement d’un week-end de célébrations avec des fêtes de voisinage et un concert au château de Windsor dimanche puis un jour férié le lundi durant lequel les Britanniques sont invités au bénévolat.
L’ambiance s’annonce loin de la liesse du couronnement de la jeune Elizabeth II en 1953 qui marquait un renouveau dans un Royaume-Uni encore meurtri par la Seconde guerre mondiale, et même des festivités au parfum d’adieu des 70 ans de règne de la très populaire souveraine en juin.
Selon des sondages de l’institut YouGov, près des 2/3 des Britanniques (64%) ne sont pas intéressés et une majorité (51%) pense que l’Etat ne devrait pas payer la facture. Les stars britanniques, d’Elton John à Adele en passant par Ed Sheeran, ont décliné pour le concert: l’affiche sera dominée par les Américains Lionel Ritchie et Katy Perry et le ténor italien Andrea Bocelli.
Meghan absente
Depuis son accession au trône, Charles s’est montré pourtant très actif en s’écartant de la réserve inébranlable de sa mère pour s’engager sur des sujets comme l’environnement ou la guerre en Ukraine. Mais il a souvent été accueilli dans ses déplacements par quelques manifestants antimonarchie, inimaginables sous Elizabeth II, et s’est retrouvé plusieurs fois visé par des jets d’oeufs.
Le mouvement Republic a appelé les Britanniques à porter des t-shirts «Not my king» (pas mon roi) pour le couronnement.
L’attention médiatique des dernières semaines s’est surtout portée sur le prince Harry et son épouse Meghan, en rupture avec la famille royale depuis leur départ en Californie en 2020. Mi-avril, le palais a levé le suspense: le fils cadet du roi, malgré des mémoires très virulents contre la monarchie, viendra mais pas l’actrice américaine ni leurs deux enfants, Archie et Lilibet.
Le duc de Sussex va-t-il rencontrer son père ou son aîné William qu’il a décrit comme colérique et limite violent? La presse britannique prévoit un passage éclair mais l’attention sera forte. Son dernier séjour à Londres fin mars pour un procès contre un tabloïd a fait davantage sensation que le premier voyage à l’étranger de son père la même semaine en Allemagne.