ÉditorialUne semaine nationale qui sera bien vite passée…
Annoncée comme un moment phare, pour faire monter le taux de vaccination en Suisse, la semaine nationale de vaccination ne bouleversera pas le cours de l’histoire. La pandémie semble s’installer de manière durable.
- par
- Eric Felley
Une «semaine nationale» de quelque chose en Suisse, c’est plutôt inédit. Cela donne à ces journées un caractère solennel, mais personne ne songera à pavoiser son balcon avec un drapeau. Dans une semaine, il faudra faire les comptes, notamment sur les dizaines de millions de francs investis dans cette campagne. La semaine dernière, un expert a estimé à 800 000 le nombre de nouvelles personnes qu’il faudrait encore vacciner en Suisse. Combien seront-ils à faire le pas cette semaine, alors que tous les médias battent le rappel?
Personne ne se risque à chiffrer un objectif. Probablement parce que toutes celles et ceux qui voulaient vraiment se faire vacciner l’ont fait et que la probabilité est réelle d’avoir à assumer un échec programmé, dans une semaine. Au plus fort de la vaccination, au début juillet, la Suisse a compté jusqu’à 333 000 vaccinés, en une semaine. On n’y arrivera pas. Au plus bas, fin septembre, c’était 60 000, soit moins de 10 000 par jour. On devrait faire mieux.
L’Autriche serre la vis
Sous le slogan «Sortir ensemble de cette pandémie», cette semaine helvétique veut jouer du violon plutôt que du bâton. Cependant, au moment d’entrer dans l’hiver, l’épidémie reprend, comme le craignaient les observateurs. Voilà que l’Autriche joue du bâton: les tests ne permettront plus d’obtenir le certificat. Du coup, cela a provoqué un rebond de la vaccination. C’est une méthode plus efficace. C’est peut-être la voie que suivra la Suisse, dans quelque temps, une fois que la pédagogie fédérale en matière d’informations aura montré ses limites.
Sur la RTS, lundi matin, le chef de la Santé genevoise, Mauro Poggia, a déclaré qu’il faudrait encore 15% de personnes vaccinées supplémentaires. La question, pour lui, était de savoir si cela prendrait trois mois… ou deux ans. D’autres évoquent une troisième dose généralisée. Voire une quatrième, une cinquième… Tout converge vers l’idée que l’on s’installe dans une pandémie de longue durée. Le conseiller fédéral Alain Berset, dans «24 heures» du jour, ne dit pas autre chose: «Malgré notre taux relativement haut de vaccination et malgré l’usage du certificat, la pandémie continue à évoluer par vagues. Il faut s’y habituer».